Echo Mark III/IV, champion du monde du « low-cost » !
vendredi 20 novembre 2015
par Jebegood , Greg’

PNG - 114.6 ko En matière de compétiteur « low-cost », Echo fait encore figure de référence absolue, même si – crise oblige – la marque asiatique a désormais de la concurrence sur le créneau. Forte d’une trentaine d’année d’expérience, elle s’est forgée une solide réputation avec des vélos qui savent faire rimer simplicité et efficacité. Pour 2016, elle attaque un nouveau marché, avec des Mark IV Ti & Ti Pro « bodybuildés » déjà au catalogue du distributeur français Trialprod. Nouveau châssis avec tubes triple-butted, douille de direction tapered et look ultra-racé : Echo va chercher sur leur terrain les compétiteurs européens affûtés, d’autant plus que cela s’accompagne d’une nouvelle gamme de composants « high-tech » (fourche et cintre carbone).

En attendant de découvrir cette grosse nouveauté, on va s’intéresser aujourd’hui à ce grand « classique » qu’est le Mark III, en version 26’’. Un Mark III qui a amené son lot d’améliorations et reste d’actualité pour 2016 : il devient l’entrée de gamme de la série Mark IV. Son prix de vente reste lui-aussi inchangé : un prix canon de 955€ ! Histoire de « pimper » un peu notre testing, on a ridé la version « Ti » proposée sur le modèle 2015 (comptez quelques centaines d’euros en plus), chaussée des indispensables Try-All Stiky Light pour aller plus loin dans nos investigations. Nous passons comme toujours le bike à la loupe (avec notre spécialiste Greg « Œil de Lynx » Soignon) pour voir ce qui a changé par rapport au Mark II que nous avions déjà testé. La partie terrain est confiée à deux compétiteurs, l’un d’envergure régionale (Jérémie Larguillère) et l’autre nationale, voire plus (Louis Grillon).

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Derrière un minimalisme apparent, on va voir que ce MKIII est un zoneur qui ne manque pas de ressources, et ce n’est pas Janine Jungfels qui nous contredira, elle qui a offert à Echo un premier titre mondial UCI cette saison, sur sa version 20" !

Minimalisme apparent...

JPEG - 213.7 ko Nous sommes en terrain connu avec cet Echo Mark III : pas grand chose ne semble le distinguer de tous les autres Mark et Control qui l’ont précédé ces dix dernières années. Echo garde la même recette, tout en prenant soin à chaque nouvelle série d’ajouter quelques ingrédients pour l’améliorer. Et l’on va voir que ce vélo offre aujourd’hui un niveau de prestations impressionnant, surtout quand on le met en regard de son prix très attractif.

La première chose qui nous frappe, c’est la qualité de la finition de ce vélo, un point qui laisse souvent à désirer sur ce créneau. Ce MKIII peut même donner des leçons à bien des haut de gamme qui nous sont passés entre les mains ! C’est particulièrement perceptible au niveau des soudures : les cordons sont impeccables. On a aussi le droit à une belle anodisation (un must à ce prix), qui permettra au cadre de résister plus longtemps aux outrages du trial. Un noir satiné, un logo gris sur le tube supérieur, la finition est toujours aussi minimaliste, mais assure un très beau rendu, en contraste avec toute la gamme de composants rouge.

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Le principal ingrédient qui a été ajouté à la recette du "low-cost" Echo pour 2015-2016 : une douille de direction désormais totalement intégrée, qui permet de gagner quelques grammes, et allège aussi visuellement l’avant du vélo. Encore un luxe pour un vélo d’entrée de gamme ! A noter qu’un petit chanfrein sur chacun des deux bords serait le bienvenue : les bords sont vifs, sur le haut ça peut être douloureux si on tape le genou, et sur le bas le contact avec la gaine de frein peut l’endommager à long terme. En-dessous, on remarque que le roulement est apparent, il n’y a aucun cache pour protéger des saletés envoyées par la roue, ce qui peut déranger ceux qui aiment tracer dans le sable. Mais qu’ils se rassurent : ce roulement est parfaitement étanche !

JPEG - 131.3 ko On retrouve le poste de pilotage du MKII, avec une potence massive bien connue dont on apprécie tout particulièrement le robuste capot de serrage. On aime beaucoup moins le serrage du cintre : la large bouche emprisonne le cintre et si un jour on veut passer à l’option carbone, ce sera la mission pour le démontage et le montage !

Le touché des leviers de freins Echo (huile minérale) est excellent, l’ergonomie parfaite et la molette de réglage en alu permet régler très finement la garde. Pas de vase d’expansion côté poignée disque, mais on se rend compte que dans la pratique ce n’est pas nécessaire en utilisation trial, le risque de surchauffe et de blocage est infime. Les leviers reçoivent de nouveaux pistons, équipés de deux joints toriques pour améliorer fiabilité et efficacité. A l’avant comme à l’arrière, on a de vrais freins trial usinés avec soin, qui en terme de fonctionnement comme de finition sont bien supérieurs à ce que l’on peut trouver chez Magura, pourtant proposé en première monte sur l’ensemble des haut de gamme du marché. Bravo Echo. JPEG - 191.2 ko

Concernant le freinage, on a le plaisir de voir arriver de série un rigidificateur arrière, pour renforcer le hauban n’intégrant aucun renfort. Un arceau épais et largement ajouré, dont les cales mériteraient d’être recoupées pour être plus près du frein et donc plus efficace. Autre nouveauté très intéressante côté frein arrière : des supports d’étriers en aluminium usiné qui sont de belle facture et assurent un maintien ferme des patins.

La pièce-maîtresse du vélo est son imposant yoke, soudé à la douille du boîtier de pédalier, qui confère toute sa rigidité à l’ensemble. Elle ne laisse que peu de largesse au pneumatique, et cela pourra s’avérer pénalisant en condition boueuse. Option intéressante retenue par Echo depuis quelques années : le boitier de pédalier de type "spanish", excellent compromis entre le traditionnel Isis et le pédalier deux-pièces dernier cri. Il permet d’utiliser un diamètre de roulements supérieur au premier et la fiabilité s’en trouve accrue. Et puis le jour où les roulements nous font des misères, le boitier n’est pas mort : les roulements sont accessibles, et on peut facilement les changer pour donner une nouvelle vie à l’ensemble ! Pour la fixation de la manivelle, on reste sur une empreinte Isis qui accepte la grande majorité des manivelles du marché.

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Un autre point fort du Echo MKIII : son astucieux système de tension de chaîne niché dans les pattes arrières. Il symbolise à lui-seul toute la philosophie de ce vélo : simplicité et efficacité ! Exit les encombrants et inesthétiques escargots, une simple vis fait l’affaire et va repousser l’axe du moyeu. Le réglage est précis, il faudra prendre garde à toujours manœuvrer avec précaution pour ne pas risquer de forcer sur le filetage. JPEG - 214.6 ko Son seul inconvénient : le temps de démontage rallongé par rapport à un système classique, car il faut aller dévisser des deux côtés pour pouvoir libérer la chaîne puis la roue.

Pour le reste des périphériques du vélo, on retrouve toute la gamme de composants Echo dont la réputation n’est plus à faire et qui placent aussi la barre très haute en matière d’équipements pour un bike d’entrée de gamme : de robustes manivelles forgées, des pédales plates de qualité, et même... une roue-libre à 108 points d’engagements ! Côté roues, Echo est (enfin) passé aux jantes simple paroi et c’est une avancée de taille pour la marque qui est longtemps resté sur de la double paroi. Mais aucun compromis n’a été fait avec la solidité : on voit que la paroi est épaisse, surtout à l’avant. La protection de pédalier n’a quant à elle pas évolué depuis bien longtemps et l’on reste sur un flasque très "old school", qui a le mérite de convenir aux pieds d’appels droit comme gauche.

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L’Echo Mark III est donc un vélo bien pensé, bien équipé, et l’on va voir aussi qu’il est léger : 8.78kg à la balance ! On rappelle que pour ce testing nous avons opté pour l’option "Ti" avec visserie et axes de boîtier et de pédales en titane et remplacé les Kenda par des Try-All. Le surcoût engendré par les options Titane (plus de 400€) n’est pas justifié à nos yeux sur ce vélo d’entrée de gamme : JPEG - 326.7 ko la première chose à faire pour améliorer ce vélo est de mettre des pneus light et performants comme on l’a fait, et puis si l’on veut alléger encore le bike changer la protection de pédalier, le booster arrière et pourquoi pas plus tard "upgrader" le poste de pilotage, etc...

... mais vrai zoneur !

On décroche le bike de la balance, on ajuste la pression des pneus et c’est parti pour une après-midi de trial sur les rochers de Buthiers. Nous découvrons un vélo confortable, qui met le pilote à l’aise dès les premiers tours de roues. Il se montre souple sur les premiers obstacles enroulés. Dans les portions en descente, on retrouve des sensations oubliées avec un frein à disque qui permet de coller à l’obstacle.

La géométrie n’est pas trop extrême (1085mm d’empattement, boitier à +65mm) et aide le pilote sur les franchissements, sans trop le pénaliser sur les enchaînements. Si le boitier de pédalier s’est relevé d’un centimètre avec ce modèle, il n’en conserve pas moins une stabilité remarquable sur les rochers. Sur la roue arrière, c’est un vélo plutôt facile à maîtriser et placer, qui n’engage pas trop. L’arceau procure un bon mordant à l’arrière et met en confiance nos deux pilotes, qui vont vite chercher quelques belles failles.

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Le premier débriefing est largement positif : c’est un vélo facile à prendre en main qui sera idéal pour faire ses premières armes sur les zones, mais qui est tout aussi adapté à la compétition de bon niveau ! Nous voyons ensuite nos deux pilotes franchir de belles marches en latéral et en planté sur l’avant. Le comportement du vélo est très sain et permet de finir sereinement les gestes en roulant.

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Les sensations sont excellentes, notre jeune élite se fait plaisir, mais va aussi souligner les limites du vélo quand il va commencer à prendre de la hauteur sur les obstacles. Il n’a pas la rigidité extrême des fleurons français et leur réactivité, leur rendement au coup de pédale ; le tubage et ses renforts ne sont pas au même niveau, et notre Grillontosaure se sent bridé. Il faut appuyer plus fort, les gestes ne sont pas aussi précis. JPEG - 524.2 ko Ce 26’’ a le mérite de ne pas être un vélo exclusif : c’est un engin stable et tout public, qui ne demande pas d’entrée de jeu un gros bagage technique pour se faire plaisir en zone. N’est-ce pas ce qu’on lui demande ?

Bilan

Le bilan de ce test est largement positif : cet Echo ne paye pas de mine, mais c’est un vrai zoneur. Champion du monde des compétiteurs low-cost ? On peut le dire ! Le Mark III/IV remplit parfaitement son contrat et va même au-delà : à moins de 1000€, il est paré pour une vraie utilisation compétition, avec un équipement qui n’a désormais plus rien à envier à des vélos pourtant deux fois son prix.

Tel quel, il satisfera la grande majorité des pilotes, leur permettant de s’exprimer immédiatement, de progresser, de monter en grade sur les zones. Une bonne paire de pneus, c’est tout ce qui lui manque pour attaquer sereinement les cailloux, mais Echo propose désormais en première monte sur toute sa gamme des Maxxis qui offrent une bonne accroche. Que demande le peuple ?

Bel exemple de savoir-faire de la part de la marque chinoise, dont le bike low-cost a trouvé son point d’aboutissement ! Elle peut maintenant enclencher la vitesse supérieure, avec des Mark IV Ti et Ti Pro aux looks de guerriers, bien décidés eux-aussi à élever le niveau des prestations proposées sur le segment des compétiteurs à 2000€... On ne s’en plaindra pas !

********************* Note de la rédaction : 9,2/10 *********************

On aime

On aime moins

+ le prix - la finition de la direction
+ l’équipement de qualité - la protec’ de pédalier
+ la polyvalence - le passage de pneu arrière

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Pour plus d’infos :

- Trialprod (06 24 77 46 12)
- Echo