Fort de sa fructueuse expérience sur les circuits FFC et UCI, Event Performance a mis sur orbite à la fin du mois de mai une nouvelle épreuve élite internationale, le Trial Pro Series, qui ouvre de nouvelles perspectives à un trial de compétition en quête de reconnaissance médiatique. L’objectif avoué de Jean Flambard et de son équipe : ouvrir aux pilotes qui sont pour la plupart devenus aujourd’hui de vrais professionnels un nouveau circuit pro qui leur permettent de s’exprimer à côté de celui des Coupes du Monde, de partir à la conquête du grand public et de faire de la compétition de haut niveau un vrai spectacle. 3 dates au programme de cette première édition dont le bouquet final – qui sera aussi celui de la saison UCI 2012 – se déroulera au mois d’octobre sur le fameux Roc D’Azur, qui est considéré comme la Mecque du VTT en France et rassemble chaque année à Fréjus quelques 20 000 riders et 150 spectateurs. Quelle plus belle vitrine pour le trial ? Jean Flambard est revenu avec nous sur la première épreuve organisée dans la station thermale d’Aix-les-Bains, au cœur de la Savoie, sur les bords du Lac du Bourget (voir Le Trial Pro Series 2012 d’Aix-les-Bains et Trial Pro Series 2012 d’Aix-les-Bains, le reportage TV !).
Un véritable succès qui a consacré un Gilles Coustellier au sommet de son art en vtt et un Vincent Hermance qui faisait son baptême du feu en vélo, une semaine avant que les deux pilotes Koxx n’endossent les maillots de leaders de la Coupe du Monde à Aalter. Près de 20 000 spectateurs sur le week-end entier, un dual trial by night explosif le samedi soir, des super finales haletantes, une belle couverture médiatique... le spectacle était total ! Mais cette grande première de la saison a soulevé quelques interrogations, notamment en ce qui concerne sa dangerosité, car beaucoup de pilotes n’en sont pas sorti indemnes ou se sont fait de belles frayeurs (voir les articles Le Trial Pro Series d’Aix, côté spectateur & Guillaume Dunand à Aix : « Bilan très positif, mais... »). Au lendemain de l’épreuve, on a pris contact avec Jean Flambard pour faire le point sur cette grande première et évoquer la suite. C’est promis, l’organisation va rectifier le tir avant la seconde manche qui aura lieu sur les terres du Champion du Monde Gilles Coustellier les 15 et 16 septembre prochain, à Martigues ! Et puis elle a l’intention d’aller bien plus loin...
Tribal Interview
Niveau show et ambiance, c’était au top, avec notamment un samedi soir complètement fou !
Oui on avait mis un gros budget sur la sono, la lumière et tout le reste, cela a vraiment bien rendu, c’était extraordinaire. C’est quelque chose qui a beaucoup plu... On a fait de la compétition trial un véritable spectacle. C’est un bond pour la discipline qui est énorme. On a eu une belle couverture médiatique des journaux locaux, des télévisions locale comme nationale ! Je pense que c’est vraiment nécessaire de faire une soirée show nocturne, de marque les esprits des gens qui viennent là pour passer un bon moment, de faire des duels spectaculaires entre pilotes, de mélanger un peu de slopestyle à tout cela. Dual trial et slopestyle sont deux disciplines qui s’entendent bien, le dual c’est bien, mais mélangé à du slop c’est encore mieux. Avec DJ et pompoms, le spectacle est total !




Les pilotes ont répondu présent pour cette grande première du Trial Pro Series et de la saison, cette nouvelle formule les a déjà séduit ?
Oui, moins en 20’’ car les top pilotes espagnols étaient hors-jeu, et puis il y a eu aussi cette course en Espagne qui s’est déroulé en même temps et je ne sais pas quel impact elle a eu exactement., mais l’arrivée de Vincent Hermance dans cette catégorie lui a apporté une autre dimension et relève encore l’image de cette discipline. En 26’’, il ne manquait que Kenny, c’est tout ! Sinon on avait tout le monde, ce qui prouve que les pilotes se prêtent au jeu. Ce qui prouve qu’ils ont confiance dans ce Trial Pro Series, et qu’il y avait vraiment une attente de leur part pour ce type d’épreuve. Ils ont très bien compris ce que l’on voulait faire. On aura cinq dates l’an prochain, et pas seulement en France, et l’intérêt c’est d’en faire dix dans quelque temps, de monter un circuit ultra-pro de manière à encore plus valoriser le trial de compétition, ses pilotes. Il faut qu’il s’ouvre à l’international. Que son prize money soit de 15 000€ et pas de 6000€. Voilà ce que l’on veut dans un avenir proche. Et puis on veut que nos pilotes soient encore un peu plus bichonnés, qu’il y ait de l’hébergement. Là on leur a proposé la restauration le soir pour tout le monde et ils ont dû apprécié, mais ce n’est que le début.
Succès auprès des spectateurs, des pilotes, des médias, mais un bémol... Beaucoup de pilotes ont trouvé cette première épreuve de l’année bien trop difficile, et trop dangereuse. Un des ténors de la scène 26’’ est même sorti du jeu...
Au niveau de l’organisation, tant du point de vue d’Event Performance que du site d’accueil, la ville d’Aix et le Savoie Randolac, nous sommes tous unanimes sur le fait que cet évènement est une réussite générale : tout s’est parfaitement déroulé, beaucoup de trafic, un beau plateau de riders... Un bémol, c’est cette chute de Giaco qui l’a fait sortir du circuit, ce qui a amené à une réflexion globale et constructive avec lui. Je pense que c’est vraiment nécessaire de faire un comité pilotes en amont de l’épreuve. Nous allons mettre en place ce petit comité de pilotes qui va nous donner son avis sur le tracé général, mais sans rentrer dans le détail pour ne pas brouiller le traceur. Et puis aussi s’exprimer sur la partie sécurité, les hauteurs, le type de zones, cela va nous permettre d’avancer tous ensemble, d’éviter des petites brouilles, des litiges. C’est quelque chose que je vais mettre en place aussi sur mes autres épreuves, FFC comme UCI. J’espère que l’UCI ne va pas le voir d’un mauvais œil, mais je ne le pense pas. J’ai eu un peu de mal à juger de l’évolution globale du niveau des pilotes pour ce premier rendez-vous de l’année, je pensais qu’il y avait eu une évolution un peu plus importante pendant la préparation hivernale, et c’est vrai que l’on est un peu tôt en saison. C’est un tracé qui correspondait plus à une mi-saison. Pour une première compétition c’est vrai que c’était un peu dur. On va rééquilibrer pour la prochaine étape. Mais il faut dire qu’en Trial Pro on rentre directement dans ce qui correspond à une demi-finale de Coupe du Monde, il n’y a pas de manche de qualification avant, on rentre directement dans une course qui n’est normalement accessible qu’aux 8 meilleurs.
Oui pas évident pour des pilotes qui n’ont fait que des 1/4 de finales de se retrouver directement confrontés à du gros niveau, d’autant plus que cette épreuve a pour vocation d’attirer le plus de riders possibles, y compris des Elites régionaux/nationaux. C’était aussi la première expérience de Super Finale, qui se déroulait sur 6 zones ! Bilan ?
C’est clair, et c’est pour cela qu’il faut que l’on pose tout cela sur la table et qu’on en fasse une analyse constructive et positive pour améliorer le concept pour les autres dates. Pour le format de course, la Super Finale c’est bien, mais il y a quelque chose qui ne me plaît pas. Cela pose des difficultés aux pilotes... On a pas autant de spectacles lorsqu’un pilote enchaîne les 6 zones, et qu’à la fin il est complètement mort. Qu’il termine avec des grosses crampes. Ce format-là, il ne me plaît pas spécialement. Je le verrais plus quelque chose sous la forme de duels, tu vois ? Tu envoies deux pilotes qui font le tour des 6 zones, ça leur permet de se reposer, ça leur permet de se voir, et je pense que les spectateurs ont aussi besoin de voir de la confrontation visuelle, physique entre deux pilotes. Ce serait bien mieux pour le public comme pour les médias de voir un véritable duel entre deux pilotes, sur une zone. Il peut aussi y avoir une mise en scène imaginée avec des pancartes et tout. Il y a pas mal de choses à réfléchir là-dessus, de pistes à explorer, mais en tous cas je suis sûr d’une chose, c’est que je ne vais pas refaire un trial de ce format-là à Martigues. Ce sera quelque chose de plus interactif pour le public, de plus sécurisé pour les pilotes, et je veux aussi que le public puisse un peu plus connaître les temps de courses. Quand un pilote part, lui comme le public doivent savoir ce qu’a fait le pilote passé avant sur cette zone-là. La compétition est un peu plus difficile à suivre comme cela, je trouve. Mais ce qui est génial c’est que tu sais pertinemment où ça va, que les public se déplace en masse autour du pilote. C’est une vague de spectateurs qui se déplace sur tout le site et c’est assez sympa. L’idée est assez bonne mais je pense qu’il faut qu’on l’affine, qu’on peut faire encore mieux.
Autant de public qui suit le pilote, ce n’est pas facile à gérer côté organisation et les spectateurs avaient parfois un peu de mal à suivre ?
Oui c’est vrai qu’il y a énormément de monde qui se déplace, rien que sur la finale, on avait 4000 personnes dans le public, qui se déplacent de zone en zone, qui prennent leur place autour. Donc c’est pour cela qu’on est obligé de faire des zones en hauteur ! Si tu fais des zones à ras du sol, il n’y a plus que les spectateurs qui sont devant qui voient le spectacle et cela n’a pas grand intérêt. Moi, en tant qu’organisateur, je me mets toujours à la place des pilotes mais aussi des spectateurs, car on organise ces évènements à la fois pour les pilotes et pour les spectateurs ! Il y a aussi un véritable équilibre à trouver entre la difficulté et l’aspect visuel,... Faire nécessairement monter un peu les pilotes en hauteur pour leur donner de la visibilité, mais pas trop... Tout cela n’est pas simple et nous avons une réflexion à mener pour améliorer encore le concept du Trial Pro Series !
L’UCI n’a pas apporté le même soutien à cette épreuve qu’à une Coupe du Monde, pourquoi ?
L’UCI n’était pas impliquée autant que sur une Coupe du Monde en effet. Je pensais quand même qu’elle serait un peu plus présente et je les impliquerai beaucoup plus sur Martigues. Je vais mettre Peter Fish en Directeur d’Epreuve et cela mettra un petit peu plus de piment et de rigueur sur l’épreuve à mon avis. Parce que l’organisation de ce type d’épreuve n’est vraiment pas simple, et c’est dur de s’occuper de tout.
Bref, des petites choses perfectibles, mais déjà une vraie réussite à tous les points de vue... Bravo ! Le mot de la fin ?
Une réussite oui, et une réussite collective. Il faut que tout le monde joue le jeu comme cela : les pilotes, les médias... C’est comme cela que l’on amènera le trial à son plus haut niveau de médiatisation et de performance, je pense qu’il faut continuer dans ce sens-là ! Après j’aimerais étalonner au niveau du tracé, j’ai vraiment envie de faire en sorte que les 30 pilotes qui roulent se fasse plaisir, que cela ne soit pas dangereux et qu’on arrive à avoir un maximum de spectacle sur toutes les épreuves ! Il faut que ce sport spectacle gagne la reconnaissance du public. Qu’il puisse devenir un jour olympique. C’est à travers de belles épreuves comme cela, internationales, que l’on fait connaître au plus grand nombre notre discipline et c’est notre plus grande fierté !
Crédit-photos : Event Perf’ / Migoo TV.
Tribal Pix
Le trial de tête Elite 26" de l’épreuve : le Champion du Monde Gilles Coustellier (Koxx), le N°1 Ozonys Guillaume Dunand et le N°1 Inpulse, par Jérémy Wiik et Martin Boutière !




