Lorsque l’on prend la route vers ce village d’irréductibles gaulois qu’est La Tour de Scay, la question que l’on a bien sûr tous en tête est : "Qu’est ce qu’ils nous ont encore préparé pour cette année ? Le druide Alain Rémy nous a-t-il encore concocté de cette potion magique qui fait pousser les rochers et arrosé les gros passages d’une édition 2011 déjà bien ardue pour toutes les catégories ?" Aucune photo n’a filtrée mais on sait que tout le village travaille d’arrache-pied depuis une bonne semaine pour mettre en place une compétition qui devrait hanter la mémoire du peuple trial toute la saison et même plus encore. Qu’est ce qu’ils vont encore nous inventer. C’est sur ces terres dévouées corps et âmes depuis plusieurs décennies au trial pur et dur que sont nées quelques concepts qui ont renouvelé le trial de compétition moderne, comme celui de Super Elite. A notre entrée dans ce joyeux village où l’accueil est toujours aussi chaleureux, nous découvrons un terrain remanié, c’est propre, c’est beau, la célèbre fosse a évolué mais point de remaçonnage pour allonger ou remonter l’arrivée de son transfert comme d’habitude. A l’image de tout le reste, ce passage a changé, il est devenu plus technique, moins gros. C’est cela le grand changement de cette édition : il semble bien que l’on avait atteint les limites en matière de difficulté pure en 2011, et la sagesse l’a emporté en 2012... Les zones sont plus raisonnables, toutes sont sortables en Elite comme en Super Elite, mais la difficulté est ailleurs : les zones sont plus longues, très techniques, très diversifiées avec tous les types de passages que l’on peut imaginer, des tas de trucs oubliés depuis trop longtemps sur le circuit UCI, et il faut enchaîner tout avec le bon temps et sans faire d’erreur pour sortir la zone avant que le chrono ne sonne le glas et ne vous inflige ses redoutables pénalités.
On croise le druide qui nous en dit plus sur ce qui attend les riders... « On vient de finir de tracer ce matin. On vieillit et on devient raisonnable. Enfin on tient compte de la météo qui était incertaine jusqu’à ce matin. On a tracé toutes les zones dans la partie du bas. Il y a 24 zones devant vous ! Pourquoi les grands seraient sur les zones du bas et envoyer tous les petits dans la gadoue toute la journée ? Tout le monde est là. On a refait de nouvelles zones. Moins d’espace pour le training certes, mais tout le monde s’amuse ici et c’est différent de l’année dernière. Nul n’est prophète en son pays, mais depuis deux trois jours les étrangers affluent et pour nous c’est déjà une réussite. Il y a des basques, des espagnols, des anglais, des allemands, des tchèques, des hongrois. C’est la plus belle des réussites ! Surtout dans le contexte actuel pour une compétition qui compte pour du beurre. Tu es content ! Cela se présente bien. Cette année, on ne veut pas de petit vieux en zones. Tu as 2"30 en Elite et tu dois être à fond pour sortir la zone. On a flirté avec la limite et il fallait faire attention à ne pas se casser la gueule, il faut innover, chercher autre chose. On avait raison : ici, à Champvent, en poussant les Elites plus loin, et le nouveau concept de Super Finale le prouve. C’est le but de cette épreuve qui peut se permettre d’expérimenter, de donner des pistes à un trial dynamique qui sait tirer des leçons de ce qui se passe ici. Le spectateur lambda veut du mouvement. Il n’y a qu’une façon de le générer : la longueur de la zone. Cela sera la leçon de cette édition. Dans 2"30, il n’y a plus 30" de réflexion, cela c’est le travail de la reconnaissance : je mets 20m ou 3Om de plus à la zone ! Je voudrais amener la dynamique et le mouvement du Bike Trial dans l’UCI, c’est important. »
Mais attention, il y a tout de même de gros morceaux qui attendent les meilleurs mondiaux, comme cet énorme menhir posé sur la zone sur la zone devant le stand et d’autres marches XXL. Comme chaque année, il y a un beau plateau de pilotes élites présents, avec quelques-uns des meilleurs riders du circuit UCI qui viennent jauger de leur niveau par rapport à la concurrence avant l’ouverture des hostilités UCI. Le N°1 Monty Abel Mustieles a fait le déplacement avec son fameux prototype M5... Il nous donne ses impressions au moment du repérage et nous parle de son vélo... « L’année dernière je n’étais pas là, cela m’a l’air plus long et tecnique cette année. C’est mieux pour moi, j’aime. Peut-être un brin trop long et cela va être difficile, mais il y a des beaux jumps, c’est super technique, tout ce que j’aime ! Dommage que Benito ne soit pas là, mais il ne préfère pas prendre le risque de rouler avec sa blessure au genou, cela pourrait compromettre sa saison. Je suis arrivé hier. Je me fais plaisir avec mon premier proto carbone. Je reçois le prototype final dans deux semaines, qui précède le modèle de série qui arrivera au mois de juillet. » Il n’a encore jamais gagne cette épreuve mythique, cette fois-ci pourrait-elle être la bonne ? « Wow je ne crois pas ! Je me suis entraîné avec Gilles et je ne comprends pas. Chaque année, il est toujours meilleur, son niveau est toujours plus haut. Je me suis amélioré aussi, mais lui est encore dans une autre dimension. Ces zones vont être faciles pour lui. Je suis là pour préparer ma saison sérieusement, et je vais tout donner ici. On verra ce que cela va donner ! Et puis un jour je gagnerai ces K-124 Days, je le sais. »


On croise le grand vainqueur des K124 Days 2011, le Champion du Monde Gilles Coustellier, qui repère tranquillement les zones en se promenant avec sa femme et sa fille, et affiche une sérénité totale. « Est-ce que c’est plus facile ? C’est ce qu’Alain dit chaque année, mais il y a encore du niveau ! Cela va être une course très technique, hyper technique, avec de gros passages. Il est possible de lâcher quelques 5 alors il faut faire attention. Rien de tel pour se remettre dans le bain que des zones comme cela. On verra bien. Il y a quelques passages énormes, dont il ne faudra pas se relâcher. Mais quelles belles zones ! Le trial il vit ici, c’est incroyable, c’est en ébullition ! »
La grosse surprise du jour, c’est l’arrivée du pilote GT/ RedBull / Adidas Kenny Belaey, qui était encore en Allemagne la veille pour ses sponsors et ne savait pas encore s’il pourrait faire le détour par La Tour de Scay. Mais il est bel et bien là, et cela va donner encore plus de piment à ce week-end ! « Cela n’a pas été évident pour moi, mais je suis bien content d’être ici ! Hier encore j’étais en shooting en Allemagne... J’étais chez mon partenaire Continental, on a pris le volant de grosses cylindrées Audi, on s’est bien amusé. Le parcours me plait vraiment, c’est plus long, plus technique, on va progresser et se faire plaisir ! Fini les gros shows et les tournages vidéos maintenant, je vais me consacrer pleinement à ma saison 2012, je ne vais faire que cela, on va voir ce que cela donne. Peut-être que cela sera moins bien hé hé... On verra ! Mais à fond dans la compétition dès aujourd’hui ! »


Cette première journée s’annonce donc des plus intenses, on fait un petit tour par le salon K-124 et découvrir les dernières nouveautés Koxx et Try-All. Et que de nouveautés sous son grand chapiteau ! Certaines ne sont pas encore déballées, car il est encore tôt. On découvre le nouveau Kloud, ce compétiteur qui se positionne juste en-dessous du fameux Sky, et ses deux versions 20 et 26 sont encore plus belles dans la réalité. Du bel ouvrage et une déco’ très réussie. On verse aussi une petite larme en découvrant un Foxx II encore dans le carton... Splendide ! On se retourne pour voir si rien ne nous a échappé et on prend une claque en découvrant des cadres Sky 3 accrochés sur un présentoir. Attention, ce ne sont que des premiers prototypes et il y a encore une série de Sky 2 qui va arriver avant qu’ils ne soient lancés sur le marché. Ils sont encore en développement mais on peut déjà apprécier la nouvelle esthétique, et quelques évolutions sur le modèle 20" avec l’arrivée du HS 33, un positionnement différent du sabot. La nouvelle entrée de gamme Entry est là-aussi. Sur le stand des périphériques sont exposés les nouveaux boitiers de pédaliers Try-All.







On retourne sur les zones. Peu à peu le public arrive, et aussi toujours plus de riders. Le soleil continue de briller et la pluie annoncée ne sera heureusement pas là. La fête va être totale. Les premiers pilotes à entrer en zones sont les plus jeunes : les catégories Orange, Vert et Blanc, qui ne sont pas ménagées elles-aussi et devront se surpasser sur certaines portions. Les Britanniques Adam Morewood et Charlie Rolls sont ceux qui vont le mieux tirer leur épingle du jeu dans la catégorie Blanc, et rien n’arrête les deux jeunes prodiges qui se jouent de la gravité avec une aisance extraordinaire sur leurs Monty. Vous pouvez retrouver les résultats complets des courses des plus petits par ici : K-124 Days 2012 Round 1 - Résultats Blanc / Orange / Vert.



Les élites commencent pendant ce temps-là leur échauffement, et cette première passe d’armes offre comme toujours du beau spectacle. Très vite la pression monte entre les top riders qui jouent la gagne, et c’est à celui qui balancera le plus gros trick pour prendre un ascendant psychologique sur ses adversaires avant de démarrer... Les gros latéraux et tapés pleuvent sur la zone des pneus. Gilles Coustellier frappe tout de suite fort en balançant un énorme transfert sur l’avant que personne d’autre ne tentera (départ sur un tronc que l’on ne voit pas sur la photo !). Monstrueux.






Cela continue sur des rochers un peu plus bas et là-aussi on a le droit à d’énormes latéraux et à un fantastique transfert sur l’avant de Gilles.




Puis le départ est enfin lancé en milieu d’après-midi vers 15h30. Très vite la machine Coustellier se met en route et les zéros s’enchaînent. Gilles ne concède que trois points au premier tour, et améliore encore ce score au second. C’est du grand art. Derrière, Kenny, Vincent et Abel s’accrochent et sont au coude à coude, avec respectivement 12, 15 et 16 points. Il faut être fin technicien sur ces zones, avoir la bonne trajectoire et ne pas perdre le rythme. C’est un spectacle magnifique que nous offrent les meilleurs mondiaux. Abel sera victime d’un problème mécanique : une durite de frein qui lâche, un simple ruban adhésif et cela repart ! Les choses sont plus difficiles derrière et c’est Hannes Hermann qui emmène le peloton Super Elite avec 30 points au carton. Théau Courtès nous avoue sa déception mais sera satisfait de sa journée : il a sorti les plus grosses zones et il sent qu’il a le potentiel pour taquiner les meilleurs. C’est la première course de la saison, et ce n’est pas facile de rentrer dedans tout de suite ! Il devance d’un point le jeune Ion Areitio qui nous fait aussi forte impression. Rafael Tibau et Iciar Van den Bergh ferment la marche des Super Elites, ce dernier accusant des douleurs aux bras qui lui font lâcher prise (au sens propre du terme) en fin de parcours. Les résultats complets de la première manche Super Elite par ici : K-124 Days 2012 Round 1 - Résultats Super Elite Manche 1.





Chez les Elites, c’est le Champion du Monde Junior et garçon du pays Marius Merger qui donne le tempo... Le jeune étudiant fait preuve d’une détermination impressionnante et enchaîne les zones avec une régularité de métronome, restant concentré jusqu’à la dernière minute sur des zones long format et terminant ses deux tours à seulement 7 points. Belle prestation du pilote de Cerny Morgan Vassor (Koxx), qui termine à 9 points, devant Kevin Aglaé (Koxx) et Guillaume Dunand (Ozonys)... qui sont plus loin derrière à 20 points. Derrière les scores sont serrés et rien n’est encore joué : pour la seconde manche qui a lieu ce dimanche après-midi, les choses vont se corser pour les Elites comme les Super Elites qui devront passer les zones à l’envers. Cela ne va pas être une mince affaire ! Les résultats complets de la première manche Elite par ici : K-124 Days 2012 Round 1 - Résultats Elite Manche 1. Le temps semble se maintenir pour ce bouquet final d’un Round I, qui tient toutes ses promesses. L’organisation est parfaite, et nous affiche fièrement un nombre record d’inscrits, avec quelques 183 pilotes. Et ce n’est pas fini...
