Le Navarrais Benito Ros vient de remporter son 10ème titre de Champion d’Espagne, en battant Abel Mustieles sur le spot de Pedro Bernardo (Ávila), au terme d’un trial dur et exigeant. Nous étions sur place et vous proposons une interview exclusive de « La Bestia ». Pendant 15 minutes, il a évoqué avec nous l’état de son genou, qui l’avait écarté un temps du circuit, mais aussi la saison avec l’arrivée en 20 pouces de Vincent, les Coupes du Monde, etc.
Comme à son habitude, Benito a répondu à nos questions avec gentillesse et ce fut un moment très agréable passé en sa compagnie. Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à lire cette entrevue que nous en avons eu à la faire.
Tribal Interview
Félicitations Benito ! Un nouveau titre de Champion d’Espagne ! Ce qui fait combien au compteur ?
Si je ne m’abuse, ça fait 10, tout rond ! (rires)
T’attendais-tu à ce résultat ? Comment s’est déroulée l’épreuve ?
Je l’espérais, ça c’est sûr. Je m’entraîne pour être devant dans chaque compétition à laquelle je participe. C’est mon but. Mais je suis conscient qu’à chaque fois, il faut tout donner.
L’épreuve a été difficile, très éprouvante physiquement. Au début, les zones ne paraissaient pas spécialement difficiles mais sur la fin, cela devenait dur, les zones étaient longues. Plusieurs facteurs font que tu te fatigues vite. Tu arrives au milieu de la zone et tu te dis « uffff », il en reste autant à faire, alors que tu es à l’agonie. C’est à ce moment-là que tu gagnes ou que tu perds un trial : il faut résister à la fatigue et garder sa lucidité pour continuer à piloter efficacement.
Il semblait que le titre se jouerait entre Abel et toi. Lui aussi blessé, Abel paraissait souffrir davantage. Comment allait ton genou ?
Si tu regardes ces 2 ou 3 dernières semaines, Abel a roulé mieux que moi avec sa blessure. Mais je ne sais pas, peut-être qu’il souffrait plus aujourd’hui. Au final, le titre est revenu à celui qui était en meilleure forme. Je ne pense pas que nous allons, Abel et moi, mettre sur le compte de nos blessures ce qui s’est passé aujourd’hui. Je ne vais pas me plaindre de mon genou, ce n’est pas le top mais je peux rouler, alors pourquoi me plaindre ? C’est sûr que sur les gros mouvements et les passages très cassants, cela me faisait mal mais dans l’ensemble, cela allait. Je suis sur la bonne voie et je récupère beaucoup plus vite que l’an dernier, ça c’est sûr !
Nous sommes restés un bon moment sans avoir de tes nouvelles, hormis que tu as passé beaucoup de temps sans rouler. Comment ces quelques mois se sont-ils déroulés ?
Eh bien, je t’avoue que j’étais un peu déconnecté de tout ça. Quand tu ne peux pas t’entraîner, tu vois que ton niveau n’est pas au top et ça, pour des gens comme moi, pour des compétiteurs, ce n’est pas très bon pour le moral, la motivation. J’ai donc fait ce que j’ai pu, en fonction de l’état de mon genou. Je ne dirais pas que j’ai gagné la guerre, mais peut-être quelques batailles.
Comme tu le sais, on a beaucoup de respect et d’admiration pour toi. On t’a suivi quand tu étais au top et tu as toujours été disponible pour nous. Ce serait vraiment triste si tu ne parvenais pas à retrouver ton meilleur niveau. Penses-tu en être proche ?
Voilà le genre de choses qui fait peur : ne pas retrouver son niveau. Quand tu t’entraînes et que tu roules à un haut niveau, tu ne prends pas forcément conscience de tout ce qu’il a fallu faire pour en arriver là. C’est quand tu dois reprendre de zéro que tu vois ce qu’il reste à faire. Tu dois prendre sur toi, ce qui est compliqué. C’est une guerre mentale. Mais, heureusement, je crois que je suis en train de la gagner ! (rires)
6.- A la Coupe du Monde (NDLR : 1ère manche d’Aalter), et si on se fie à ton blog, c’était plus une question d’erreurs et de difficultés à prendre le bon rythme plutôt que des problèmes au genou.
Exactement. Il était clair que j’y allais pour gagner – même en ne m’étant pas entraîné depuis presqu’un an. Quand je prends le départ d’une épreuve, c’est pour la gagner. Je savais cependant que j’étais encore un peu trop « vert » pour les premières manches mais tu fais toujours de ton mieux. Tout au long de l’été, j’espère m’améliorer. On verra bien. Ce sont des manches décisives et qui exigent de rouler à son meilleur niveau. Arriver avec la meilleure préparation possible et rouler du mieux que je peux, c’est mon objectif. Je n’ai pas encore totalement récupéré de ma blessure, j’ai repris tard l’entraînement. Mais cette année, le point positif est que toutes les compétitions importantes sont regroupées sur 3 mois : 3 mois à souffrir au lieu de 6.
Dani s’est retiré du circuit UCI, Vincent vient de passer au 20 pouces. Comment vois-tu les choses ? Considères-tu Vincent comme un rival capable de remporter le titre, Abel et toi étant blessés ?
Je vais être sincère : je ne pensais vraiment pas que Vincent serait capable de gagner aussi vite des épreuves. Je m’en réjouis. C’est un grand pilote qui a voulu vivre l’expérience du 20 pouces et je suis sincèrement content pour lui. Et ce n’est pas parce que c’est mon partenaire de team mais parce que je l’apprécie et que je pense que ça va apporter un plus à la catégorie.
Pour Dani, je ne sais pas si son retrait de l’UCI est définitif ou non ; tout peut arriver. C’est sûr qu’il a été un personnage marquant dans notre discipline. En tant que rival, ce n’est pas que je me réjouis de son départ mais, voilà, ça fait toujours du boulot en moins pour moi sur les compets ! On a tous les deux suivi une trajectoire identique : on a le même âge, on a commencé en même temps, sur le même trial je crois. On a vraiment vécu à peu près les mêmes choses lui et moi. C’est pourquoi je me sens très proche de Dani. C’est clair qu’en compétition, les choses sont ce qu’elles sont : si on était boxeurs, les choses seraient différentes (rires). Mais je l’estime beaucoup et je respecte les décisions qu’il prend. J’espère que tout ira pour le mieux pour lui.
Je suis content que Vince ait franchi le pas : ça va redonner un coup de boost à la catégorie ! Je suis content qu’il soit là.
8.- 2010 a été ta meilleure saison…
En termes de résultats, parce qu’en termes de forme, on ne peut jamais savoir…
On reformule la question, alors : ton meilleur niveau correspond à 100%. A combien se situe l’actuel Benito Ros ?
On va dire 75% à peu près.
Avec ces 75%, comment vois-tu les manches de Coupe du Monde, le Championnat d’Europe (NDLR : Benito a finalement pris la troisième place de la compétition) ?
J’espère continuer à progresser, à augmenter ce pourcentage. Cela suit son cours ; comme je t’ai dit, je voulais arriver au mieux en début de saison puis progresser petit à petit pour être au top pour les Mondiaux. Je suis optimiste.
Ta priorité est donc le Mondial ? Si tu avais le choix entre gagner le Mondial et gagner une autre compétition, quel serait ton choix ?
Pour moi, les Mondiaux sont plus importants. On sait tous que celui qui gagne la Coupe du Monde, c’est le meilleur. Mais ce qui fait des Championnats (Europe, Espagne, Monde…) des épreuves à part, c’est que tout peut se jouer sur une erreur. A l’entraînement, on est tous très bons (rires) mais ça, tu dois le démontrer dans les compétitions et notamment au Championnat du Monde. Tu dois être au top, chaque erreur compte.
On est très contents de voir que tu récupères bien et on te souhaite bonne chance pour la suite de la saison. Merci à toi pour cet entretien.
De rien, merci à vous pour votre soutien. On reste en contact. C’est très réconfortant de voir qu’on s’intéresse à moi. Et quand je vois qu’il y a encore du public à 8 heures du soir sur les compets pour suivre ce que je fais, ça donne une sacrée motivation.
Interview réalisée par : Álvaro López