Voici la suite des médias de la Coupe de France de Serre-Chevalier ! Après les résultats des courses, mis en ligne dans la foulée des épreuves (Serre-Chevalier, Jour 1, puis Serre-Chevalier, Jour 2), et une première série de photos des trois pilotes Elites qui sont montés sur le podium et ont pris la tête de la Coupe (Serre-Chevalier en photos (1/3)), voici une interview du Grand Patron du VTT-Trial mondial, Sir Gilles Coustellier.
Le leader du team K-124 nous a accordé hier soir une petite interview en toute simplicité, et l’on est revenu avec lui sur cette course difficile qu’il a remporté avec brio, sur sa vision du trial mondial actuel (la place de plus en plus large donnée à l’artificiel, ses adversaires, la nouvelle réglementation de la Coupe du Monde, etc...) ou encore sur son nouveau matos (le proto Sky, la nouvelle fourche).
Interview :
Jébegood :
Salut Gilles ! Cela fait 5 semaines qu’a eu lieu le dernier grand rendez-vous en date de la saison... Les compéts reprennent et tu assommes encore tout le monde... Raconte nous cette course qui était digne d’une Coupe du Monde... Les zones ressemblaient au Championnat de France de l’an dernier, mais c’était encore plus chaud visiblement ! Ca n’a pas commencé très fort en plus : tu prends d’entrée de jeu un 5 et tu tombes dans la flotte !
Gilles Coustellier :
Salut ! Oui c’est vrai que depuis le début de saison je suis en forme, je me suis bien préparé pour cela et je suis content que le programme que je me suis fait fonctionne. En ce qui concerne la compét les zones étaient superbes avec de beaux passages (de belles marches dans du relief, de la précision, des deux coups, des latéraux, etc...). Elles ressemblaient à l’an dernier, mais avec un niveau au dessus (cool car j’ai vu ma progression par rapport à l’an dernier).
C’est clair je commence par la zone la plus dure et a peine rentré je tombe à la flotte, du coup trempé jusqu’au buste, mais je suis fier de moi car même en commençant par un 5 je n’ai rien lâché derrière et j’ai réussi a faire le trial parfait.
Jb : Il y avait cet énorme latéral au mètre 40 qui a posé problème à tout le monde... Comment as-tu géré cette difficulté ? Il est passé à zéro ?
GC : C’est vrai qu’il y avait un gros latéral. Pour ma part je n’ai pas fait un latéral mais un transfert, car il y avait un petit rocher en contrebas...Mais à vue d’oeil, ce passage semblait impossible. Une fois placé sur l’arrière, le public à fond, j’ai réussi à lâcher une extension de folie est je suis passé à la perfection. D’ailleurs je suis le seul à réussir ce passage-là !
Jb : Bravo ! Il est vraiment monstrueux ce passage !
GC : Grave, je me suis étonné tout seul...
Jb :
Les grosses courses, que ce soient les Coupes du Monde ou les Coupes de France, ne sont plus composées aujourd’hui que de gros artif’ ou de naturel rapporté, en Allemagne, c’était beaucoup de béton et de palettes... Beaucoup de riders le regrettent et notamment ton frère qui évoquait avec nostalgie dans sa dernière interview pour Trial Mag’ l’ère Fernandez... Le trial, il y a quelques années était complètement différent, c’était l’inverse, du 100% naturel quasiment. Aujourd’hui, en fait, même quand les trials se déroulent en milieu montagneux, où il y a du rocher, on voit des compéts 100% artif ! Nous, en tant que spectateurs, on ne s’en plaint pas forcément. Mais que penses-tu toi de cette grosse tendance ? Le trial moderne, ce ne sera plus que du gros latéral et des énormes deux-temps ?
GC : Alors c’est vrai que les compéts a l’étranger, ce n’est plus uniquement que de l’artif sur une place sans relief, donc uniquement du bourrinage et non de la technique. Tout cela vient en partie de Belaey qui aime ce système-là. Après on nous fait le baratin en nous disant que c’est pour les médias etc..., mais le problème c’est qu’il ne viennent pas, car ce n’est pas forcément esthéthique à voir. Perso’, ça ne me dérange pas, je m’adapte a toutes les situations. Après il peut très bien y avoir uniquement du rapporté, mais qui ressemble a du naturel. Il n’y a qu’a regarder la Coupe de France de Serre-Chevalier, c’était du rapporté mais avec du relief, et pas forcément du bourrinage. A la base, je travaillais beaucoup de naturel, mais maintenant il a fallu que je m’adapte a ce "nouveau" trial.
Jb : Tu as un terrain perso pour t’entrainer sur des obstacles artifs ?
GC :
Non, je n’ai pas de terrain artif’, je vais en ville, partout où il y a du béton. Mais je garde quand même une belle partie de mon entraînement en naturel car bosser que des gros latéraux et bunny, ce n’est pas intéressant.
Jb : Sinon, pour en revenir à ce que tu disais sur les Coupe du Monde avec Belaey... Comment peut-il avoir une incidence sur les épreuves mondiales (à part celle de Knokke Heist bien-sûr, où là son père est dans l’organisation ?
GC : Il peut avoir une incidence car c’est lui le Directeur des pilotes, qui décide etc... Après je ne vais pas trop en dire sur ce sujet, il y a eu déjà des tonnes de mots et d’explications dessus. Oui c’est son père qui trace les zones à Knokke, il trace donc pour son fils. C’est simple, il n’y a pas une seule marche. Juste des petits déplacements minables... Mais ce n’est pas grave, il faut faire avec !
Jb : Que penses-tu de la nouvelle règlementation imposée aux pilotes en Coupe du Monde ? Avec les premiers de la demi finale qui partent en dernier etc... En moto-trial, cela fonctionne comme cela depuis longtemps et ca marche très bien. Les vététistes n’ont pas l’air de trop apprécier ? Qu’en penses-tu ? Cela change vraiment la stratégie de course ? Passer après les autres, c’est pas mieux ? En moto, ca leur permet de voir les traces, les passages des autres, etc de gérer sa course en fonction de celle de ses adversaires. En vélo, c’est peut-être plus de pression aussi ?
GC :
Je n’aime pas trop ce système, ca devient trop stratégique. Ce que je n’aime pas, c’est que ca donne encore un côté plus aléatoire. Selon l’heure à laquelle tu pars tu prends la pluie alors que d’autres non, cela peut tout changer. Après, partir avant ou après les autres, je ne me préoccupe pas de cela, je fais ma course comme je le souhaite et si je dois gagner c’est que j’étais le meilleur. Rouler en fonction des autres, je ne supporte pas, c’est pour moi un signe d’infériorité. Quand tu es confiant et sûr de ton pilotage tu ne te préoccupe pas du reste.
Jb : Ok donc en fait ce système ne te satisfait pas, et cela semble l’avis général des Elites : en vélo, ça n’a aucun avantage de passer après ses adversaires et ça peut même avoir inconvénients !
GC : On va dire que je fais avec mais le système pourrait être bien meilleur et mettre les meilleurs pilote en avant.
Jb : Les prochaines échéances... Coupe du Monde en France dans une semaine à St François Longchamp, ensuite les Championnats de France la semaine suivante, encore une nouvelle Coupe de France... Il voit tout cela comment le grand patron ? Sereinement ? Tu sembles intouchable en ce moment... Quel est le pilote que tu crains le plus et pourquoi ?
GC : Oui d’ici une semaine je vais avoir pas mal de compétitions, tous les week-ends. Je vois tout ça positivement, j’adore la compétition, c’est là où je me fais plaisir. Je suis très serein et confiant, mais je n’oublie pas qu’une finale se déroule sur 1h30 et qu’il faut toujours être vigilant, il y de la concurrence derrière. Ça va paraître prétentieux, mais aucun pilote ne me fait peur, je me bats contre moi...
Jb :
Parlons un peu de ton Sky ! Quelles sont les modifications apportées à ce nouveau proto ? La production de série est donc à nouveau reportée... Les Sky devaient arriver en juillet... Sais-tu quand est ce qu’ils devraient finalement arriver ?
GC : Oui il y a eu quelques modifs par rapport aux petits soucis que l’on a eut sur les précédents. Il ne devrait plus y avoir de souci, tout est rentré dans l’ordre ! Je ne sais pas exactement quand la série va arriver mais plus tôt elle arrivera mieux ça sera !
Jb : Quelles sont les modifs apportées à ce vélo ?
GC : Il y a un petit renfort en plus. Sinon niveau géométrie je suis légèrement plus court que sur le premier proto pour avoir un vélo plus vif et qui s’adapte aux nouvelles zones !
Jb : Tu utilises une nouvelle fourche qui sortira prochainement sous le label No War... Elle utilise un nouveau pivot double butted évidé c’est cela ? Tu peux nous en dire plus ?
GC : Alors je sais seulement que c’est un pivot alu. Après j’en suis très satisfait, elle est légère, ridige, vraiment au top... Maintenant il faut juste la tester a fond...
Jb : Sinon alors tu as un nouveau jouet... Une ptite Subaru ! Ça envoie du pâté ?
GC :
Alors là mon pauvre, c’est un monstre cette bagnole, ça arrache grave et c’est performant un truc de fou... D’ailleurs c’est la meilleur voiture que j’ai eu et celle où je me sens le plus en sécurité... Par contre, niveau rangement, c’est pas le top mais bon on peut pas tout avoir !
Jb : Ok bah fais toi plaisir ! Bon je ne vais pas te déranger plus longtemps ! Je te remercie pour ta disponibilité ! c’est tellement incroyable de pouvoir interviewer comme cela un Champion du Monde en toute simplicité ! Une petite question pour terminer tout de même...
GC : Merci a toi c’est bien cool de pouvoir dire un peu ce que l’on pense ! Dis-moi, après je dois y aller !
Jb : Un petit avis sur le phénomène MacAskill ? On le voit partout, il fait parler de lui partout, à tel point qu’on se demande des fois si c’est pas la rue qui va apporter au trial la popularité qu’il mérite !
GC : Hé bien c’est tout simplement monstrueux ce qu’il fait, je suis fan ! Il associe un peu toutes les disciplines et fait à merveille tout ça. Après, il ne faut pas mélanger le trial de compét’ à ce genre de trial. Cela n’a rien à voir !
Jb : Bon allez, je te laisse merci mec ! Encore bravo pour cette victoire, bonne soirée & bonne continuation ! Ciao !
GC : Merci à toi, à plus et bonne soirée !