C’est le printemps et avec lui le retour des beaux jours et des compétitions ! Nous voilà pris d’une irrésistible envie de gratter la terre avec nos crampons et de planter, planter, et encore planter.... sur les rochers bien sûr !
Ami jardinier, Tribal Zine a testé pour toi quelques outils performants, pour travailler vite et bien sur les zones, du bike de compétition « low-cost » à l’ultra haut de gamme ! Et c’est par ce dernier que l’on va commencer aujourd’hui... Nous emmenons dans notre beau potager de Buthiers la dernière version du compétiteur « UCI » de chez Rockman : un Gabbro 2.1 avec fourche et cintre carbone proposé par le shop Trialprod à moins de 2000€. Nous avons confié l’outil à notre expert matos Greg’ Soignon pour une observation minutieuse, avant que notre rider élite Julien « Djoul » Parent ne s’en saisisse pour une séance de jardinage vigoureuse !
Présentation : raffiné, mais bodybuildé !
Nous ne sommes pas dépaysés quand nous découvrons l’engin : c’est un bike qui s’inscrit dans la droite lignée de tous ces Slate L ou Xl que nous avons testés ! L’esthétique, très proche des modèles précédents, reste sobre avec une anodisation noire satinée, qui se marie parfaitement avec la belle fourche carbone. C’est toujours la police personnalisée des lettrages qui vient affirmer le caractère du vélo. Exit l’exubérance des Slate XL passés entres nos mains avec leurs looks « disco » ou « surfer », ce Gabbro fait primer l’élégance, avec ses fins lettrages fins et or qui s’entrelacent. Cette version avait porté un temps la signature d’un certain Gilles Coustellier, qui avait fait un passage éclair chez Rockman l’an dernier, mais elle a disparu avec lui. Gabbro ? Un nom qui ne vous dit peut-être rien, et pourtant il est très évocateur pour un trialiste : c’est celui d’un de ses rochers que l’on aime tant avoir sous les pneus, un rocher de type volcanique comme le basalte, et largement présent à la surface du globe. Un roc qui a fière allure, « Il est très classieux » lance un de nos riders, mais « Çà manque un peu de peps » fait remarquer un autre. C’est un bike d’apparence raffinée mais très discrète, qui se fond en effet un peu dans le décor, et pourtant on sait que sur le terrain ça va être un magma de sensations !
D’autant plus que cette dernière version amène son lot d’améliorations, qui devraient se ressentir sur le terrain. Tout d’abord le choix de l’aluminium se porte désormais sur un alliage 7001, mais ce n’est pas ce qui va modifier de manière notable le comportement du vélo : on reste sur des tubes aux propriétés mécaniques excellentes, à la fois très rigides et très légers, mais aussi très fins. Gare aux approximations : le cadre gardera en mémoire les chocs et une protection sous le tube inférieur est vivement conseillée pour protéger cette partie exposée.
Notons toutefois que la garde au sol du vélo a encore été augmentée : le boîtier de pédalier a été réhaussé de 5mm par rapport aux Slate XL et passe à +75mm. Voilà qui devrait encore accentuer le caractère bien trempé de ce bike. Les profils des tubes n’ont pas changé et l’on a toujours un tube inférieur qui est aplati à la base, pour venir s’appuyer largement sur le boîtier de pédalier.
Et c’est là que l’on voit le principal changement par rapport aux Slate XL : le Gabbro s’est musclé à ce niveau, avec l’adoption d’une belle pièce usinée qui solidarise yoke et boîtier. Un nouveau yoke de boîtier, qui est devenu un nouveau standard sur les compétiteurs haut de gamme et permet d’améliorer notablement le rendement du vélo. Il est massif mais finement travaillé, comme on le voit avec ce petit chanfrein que l’on a côté gauche au lieu d’une arrête vive. A ce niveau, on constate - comme souvent - que la douille de pédalier ne recouvre pas complètement le boîtier Isis : le filetage est apparent sur 4mm et l’on voit déjà du sable s’y coller ! Mais l’on a bien une douille de boîtier qui fait précisément 68mm, et c’est donc (encore) le boîtier qui est fautif... Nous avons mené notre petite enquête : il s’avère que d’un fabricant de boîtier à l’autre, la longueur est légèrement variable, et certains – comme celui-ci – sont faits pour s’adapter aussi bien à un boîtier de 68mm qu’à un boîtier de 73mm. Il semble que les boîtiers « First » s’intègrent mieux, les Trialtech dépassent un peu aussi ; si vous êtes du genre perfectionniste, il faudra bien vous renseigner lors du montage à la carte pour avoir quelque chose de propre à ce niveau. Cette partie centrale du cadre fait comme toujours chez Rockman l’objet d’une attention particulière. Le yoke est solidarisé avec le « tube de selle » et les haubans par une pièce de renfort originale, qui est un peu la signature de la marque. C’est comme sur le dernier XL une étoile à trois pans, mais aux courbes plus affinées, plus arrondies, avec une petite ouverture centrale. Avec le yoke de boîtier, ce renfort n’a-t-il pas perdu de son intérêt ? Notre spécialiste l’affirme « Il est plus esthétique qu’autre chose ! » L’effort de finition remarquable sur tous les usinages se retrouve aussi au niveau du booster de frein intégré aux haubans : c’est une pièce épaisse qui se plaque parfaitement contre les haubans, mais dont l’esthétique est soignée et discrète.


Un Gabbro bodybuildé et taillé pour la zone élite, qui se démarque aussi par une finition irréprochable : sur les usinages comme au niveau des soudures, cette dernière évolution du compétiteur Rockman a fait de remarquables progrès ! Par le passé, elle était un peu perfectible par endroits, là il n’y a plus rien à redire : c’est parfait, très propre, et sans aucune bavure. Nous sommes au même niveau d’excellence que les haut de gamme français type Ozonys ou TMS, qui sont une référence en la matière. L’autre grande amélioration amenée par le Gabbro : la direction intègre désormais le roulement de sa partie basse, et on a désormais à ce niveau le même diamètre externe que la fourche carbone. La fourche avec sa tête surdimensionnée est désormais parfaitement intégrée à la direction ! L’ouverture centrale est toujours en forme de goutte d’eau, mais a été élargie par rapport aux XL. Deux goussets de renforts sont toujours placés aux zones de contrainte sous le tube inférieur et sur le tube supérieur, et ils sont percés pour gagner quelques (milli)grammes. Mais sur le dessus, il aurait mieux valu s’abstenir de percer : l’unique trou est mal centré, dommage... Ok, nous sommes un peu tatillons, mais ce bike se positionne sur un créneau haut de gamme, voire ultra haut de gamme, et l’on est en droit de demander la perfection, à tous niveaux !
Nous continuons notre inspection... Les passages de pneu arrière et de chaîne sont larges, mais nous remarquons par contre que l’on a toujours un passage de roue libre qui est très limite ; les dents passent à un poil du yoke ! On aimerait bien avoir un peu plus de marge à ce niveau... La tension de chaîne fait toujours appel à de traditionnels escargots qui s’appuient sur des vis, et l’on a toujours des pattes arrières très ramassées, finement ciselées. Certes, elles ne laisseront pas beaucoup de marge quand la chaîne va s’allonger avec le temps et qu’il faudra retendre... mais c’est bien suffisant ; quand on arrivera au bout de la patte, il sera grand temps de changer de chaîne ! Mention spéciale pour les escargots de tension Jitsie finement crantés, que l’on apprécie tout particulièrement : ils permettent un réglage très précis de la tension de chaîne et de l’alignement de la roue.
Nous passons à présent en revue l’équipement de ce montage proposé par Trialprod à 1950€, et l’on retrouve toute cette gamme de composants Rockman bien connus et éprouvés... mais qui n’ont pour ainsi dire pas évolué depuis deux ans. La fourche carbone est la même que celle qui était passée sur notre banc d’essai : un excellent produit à la finition mate. Une finition sobre qui est impeccable, comme on peut le voir au niveau des liaisons avec les pièces en aluminium CNC des pattes de fourche et des tasseaux de frein, très travaillées. Cette seconde version de la fourche carbone Rockman dispose désormais d’un épais insert en aluminium intégré d’origine dans le pivot, et le serrage se fait maintenant via une petite étoile de 18mm. On apprécie tout particulièrement le bouchon de potence Rockman, bien plus fiable que ceux qu’avait produit Try-All par le passé : il se met en place tout naturellement et l’on sait d’expérience qu’il ne bougera jamais. Le genre de petit détail qui a son importance... La potence 150mm par 30° est idéale pour cette géométrie de cadre : les pilotes les plus pointus pourront se passer de cales avec la nouvelle douille de 125mm, une cale apportera un peu plus de confort pour les autres. Pour le serrage du cintre, nous n’avons toujours que deux vis, ce qui n’est pas la solution la plus pratique si l’on souhaite par la suite changer de cintre : il faudra retourner les vis, et les mettre en butée sur des pièces de monnaie pour écarter les mâchoires... une vraie galère ! Les roues Rockman n’ont pas changé non plus, avec les jantes light largement ajourées façon Try-All et les moyeux noirs mat avec marquages turquoise qui jurent peu sur ce montage. Un produit dont on aimerait bien voir évoluer la finition, qui ne s’accorde avec pas avec grand-chose. Un rayonnage droit à l’avant adapté à un freinage sur jante (avec rayonnage en 1,8) permet encore de gagner du poids sur la partie avant du vélo.
Côté transmission, nous sommes bien servis aussi : les excellentes manivelles forgées, chaîne light KMC Z610, pédales simple cage procurant une large assise, roue libre 108.9 qui marche bien... et l’on regrette juste de ne pas avoir une protection de pédalier en accord avec un montage aussi pointu : quelque chose de plus fin et plus léger type demie protection (Trialtech). Le freinage est le gros point faible de ce montage : les Magura HS 33 n’offrent pas le niveau de performance et la fiabilité dans le temps de l’alternative Racing Line. On sent tout de suite qu’ils sont beaucoup moins francs au toucher. Deux options intéressantes toutefois pour améliorer ces freins : les leviers longs plus confortables et les derniers supports d’étriers Rockman, de belles pièces qui apportent un surcroît de rigidité, de belles pièces, et puis leviers longs. Et aussi des patins Trialtech à la gomme orange, qui vont feront preuve de mordant et d’efficacité lors de notre essai sur terrain sec. Pour résumer notre sentiment sur le niveau d’équipement de ce vélo : il est de qualité mais un peu vieillissant. Fourche, moyeux, potence sont autant de périphériques que l’on aimerait bien voir évoluer un peu, ne serait-ce que dans leur finition !
Mais pour l’essentiel, le cadre, nous avons une très belle machine, et le haut de gamme Rockman semble bien avoir trouvé là son aboutissement : année après année s’est bonifié et il n’y a pas grand-chose à redire sur cette ultime version... C’est le temps de la maturité ! On accroche le bike sur la balance... et comme toujours, c’est très léger : 8,50kg très précisément !
Sur le terrain : l’outil idéal pour l’Expert/Élite !
Le bike a été réhaussé, on est sur un empattement long (mesuré à 1093mm par nos soins), mais l’ensemble fait toutefois preuve d’une bonne stabilité sur les premiers tours de roues. Il garde en cela le caractère docile de tous ces Rockman que l’on a testé précédemment et nos riders prennent vite leurs marques à son guidon. Le bike se manie bien, et l’on sent tout de suite qu’il y a des chevaux sous le capot : il réagit au quart de tour et démontre immédiatement un excellent rendement au coup de pédale. Le yoke de boîtier rend l’engin encore plus nerveux que les deux Slate XL passés sur notre banc d’essai !
Les pilotes commencent à attaquer les premiers obstacles, les choses se compliquent pour les pilotes « lambda » : c’est un bike qui s’adresse clairement aux pilotes expérimentés, avec sa géométrie exclusive, et sans un gros bagage technique on « rentre » moins facilement dans les rochers qu’avec un bike plus standard type 1085mm. Ce n’est pas un vélo fait pour enrouler ou taper les marches, mais bien plutôt pour aller les chercher sur la roue avant ou les crocheter ! C’est exactement ce que cherche notre compétiteur, qui passe vite aux choses sérieuses... Djoul, habitué à cette géo « Sky rules », prend rapidement de la hauteur sur le grès de Buthiers, et il souligne la grande réactivité du vélo sur toutes les techniques.
Sur les latéraux, ce Gabbro fait preuve d’une agilité surprenante : « C’est une arme sur tous les gros gestes du trial moderne ! L’avant ultra-léger et rigide dope les performances, et permet d’aller chercher de belles marches par le côté. Il se place bien et l’arrière revient vite ! » Pour les plantés, il va falloir procéder à quelques ajustements du guidon et des poignées de frein pour vraiment tirer parti du vélo et une fois le bon positionnement trouvé, on ne l’arrête plus !


Notre rider a désormais le bike bien en main et décide de se tailler un gros jump pour voir ce que ce Gabbro a dans le ventre sur une belle marche à hauteur d’hommes. Il tasse le sable avec le pied pour former un petit kicker et c’est parti pour une séance de bunny hops. Il part comme une fusée et la seconde tentative sera la bonne !
Pour finir, on va bien sûr tester les aptitudes de cette machine en zone, sur une série de placements techniques qu’il avait déjà travaillé avec son Sky deux semaines avant, et il ne cache pas sa satisfaction : « Cette zone-là, j’avais du mal à la passer, sur certains passages j’avais perdu l’équilibre à plusieurs reprises, et je suis passé proprement du premier coup ! Bon ok je connaissais la zone, mais le vélo est vraiment précis, tu places ta roue où tu veux ! » Ce compétiteur élite Rockman a toujours eu de bonnes aptitudes en zone, et malgré le boîtier qui remonte, nous constatons avec plaisir qu’il garde toujours cette stabilité remarquable sur les rochers. Sur les deux roues, comme sur la roue arrière, où il se montre aussi particulièrement vif et efficace et met notre pilote en confiance pour les grosses extensions. Un bike qui permet d’envoyer loin, et de faire le plein d’adrénaline !
Bilan du testing
Le bilan d’un week-end de testing ? C’est bel et bien le temps de la maturité pour le haut de gamme Rockman : on peut dire qu’il a trouvé son aboutissement avec cette énième version du Slate XL / Gabbro, et la perfection n’est pas loin ! Certes il faut toujours débourser 2000€ pour un haut de gamme trial, et par les temps qui courent cela reste une très grosse somme pour tout le monde... Mais à ce prix on a un cadre bodybuidé et parfaitement fini, et puis niveau équipement on a une fourche et un cintre carbone... alors que ses concurrents directs ont eux une fourche et un cintre alu ! On regrettera juste le manque d’homogénéité du montage, avec ses périphériques qui commencent à dater et que l’on aimerait bien voir évoluer un peu. Sur le terrain, c’est un vélo taillé pour les compétiteurs avertis, très léger et très réactif, un bike avec lequel les Experts/Elites trouveront une arme de choix pour attaquer les grosses zones artifs, mais aussi se faire plaisir en naturel ! Car sur les enchaînements techniques, il conserve la remarquable stabilité de ses prédécesseurs, malgré une géométrie qui se radicalise un peu plus. Bilan largement positif donc, et rien d’étonnant à ce que Rockman garde ce Gabbro à son catalogue pour 2015 ! Le Gabbro 3 conserve toutes les spécificités techniques de ce 2, et va se démarquer par de nouveaux coloris... A suivre !
***************** Note de la rédaction : 8,75/10 *****************
On aime |
On aime moins |
+ le carbone à ce prix | - le passage de roue libre limite |
+ la finition impeccable | - la protec’ de roue libre |
+ l’efficacité sur les plantés et latés | - le boîtier de pédalier trop long |
Pour plus d’infos :
Trialprod. - 06 24 77 46 12 - Horaires : 9h - 18h (du Lundi au Vendredi).