L’arrivée de la nouvelle gamme trial développée par Thibaut Marriaux & l’équipe de Bikevision, la gamme Evo 3, a été repoussée à de multiples reprises : les fournisseurs de la marque grenobloise lui ont en effet imposé de nombreux contretemps et il nous a fallu patienter plusieurs mois avant de voir enfin arriver ces Evo 3, qui nous faisaient rêver depuis... l’an dernier.
Les Evo 3 tant attendus sont finalement arrivés en France au début du mois de septembre, et Bikevision a proposé pendant un mois une offre de lancement exceptionnelle : un modèle Full HS33 à prix réduit, qui adopte les composants TMS 2008, proposé à 1499€ au lieu de 1690€ ! Tribal Zine a testé pour vous ce modèle « low cost »...
Présentation du vélo
Tout d’abord, la séquence déballage... Le bike arrive démonté dans un carton, et en le sortant, on a une bonne surprise : la protection de roue libre est insérée entre le boîtier de pédalier et le tube de pédalier ! Voilà qui est bien pensé et va sûrement faire des émules.
Sur le modèle que l’on teste, il nous manque les manivelles et la roue libre. On va donc récupérer une paire de manivelles Rock avec une roue libre UN et on monte tout cela sur le boîtier. Mais là, on a une mauvaise surprise, qui va nous faire perdre pas mal de temps... En fait, la chaîne frotte contre le tube diagonal de la base, même en serrant la manivelle comme un forcené ! Il n’y a qu’une solution pour pallier à ce défaut de conception : mettre une entretoise, voire plusieurs, entre la manivelle droite et la roue libre. Ou alors trouver un boîtier de pédalier plus court, mais cela doit être difficile... TMS utilise en effet un type de boîtier qui n’est pas standard : 73 par 140 au lieu du classique 68 par 128 utilisé par les autres fabricants. Une fois l’entretoise montée, il n’y a plus du tout de frottement, même si la chaîne passe très près du tube diagonal arrière. Après cette petite séance de bricolage, on peut enfin prendre le chemin des zones. Direction la forêt de Compiègne où les trialistes du coin ont un petit spot de grès bien agencé pour tester un nouveau spad, avec des obstacles de tous types.
La ligne très fluide du vélo se démarque de la plupart des autres productions actuelles, et elle est vraiment très sexy. La robe blanc nacrée lui va vraiment bien ! La peinture se révèle en plus particulièrement résistante sur le terrain. Un bon point. Le cadre respire aussi la solidité. Le poids se situe au-dessus de ces cadres nouvelle génération de type Quark, Rockman ou Sky qui flirtent avec les 1500-1600 grammes et affiche à la balance un peu moins de 1800 grammes. Cela reste très raisonnable, et c’est surtout la garantie d’avoir un cadre qui ne s’enfoncera pas au moindre petit choc. Car c’est là le principal défaut des cadres super light : un tout petit choc contre un rocher engendre immédiatement un poke ! Bref, ces nouveaux bikes interdisent la moindre erreur et sont à réserver aux compétiteurs chevronnés. Voici deux autres vues d’ensemble du vélo...
La partie centrale... La clef de voute du nouveau haut de gamme TMS, avec son large tube de selle qui relie un yoke inférieur impressionnant aux haubans supérieurs, constitués d’un seul et même tube sur lequel se plaque un renfort.
Cet Evo 3 est un bike techniquement très abouti, bourré de véritables innovations... Le travail effectué sur la partie arrière du vélo est particulièrement remarquable. Le système de pattes arrières est le plus abouti que l’on ait testé : ce ne sont pas des pattes horizontales ou verticales classiques mais un système spécifique et très astucieux de pattes verticales CNC coulissantes, vraiment très efficace. Système baptisé « Quick Tensionner Concept », qui est sans doute appelé à devenir une nouvelle référence en la matière. Il permet tout d’abord un réglage très aisé et ultra précis de la tension de chaîne, via deux vis de butée. Une fois le bon réglage obtenu, il suffit de serrer les grosses vis sur le côté des pattes coulissantes et cela ne bouge plus. Même si l’on démonte la roue ! En effet, en cas de crevaison, pas de réglages compliqués à refaire comme sur un système classique de pattes horizontales, ou de tendeur gênant comme sur un système de pattes verticales, juste une roue à dévisser et à revisser ! On a d’ailleurs testé la chose en condition réelle à la suite d’un pincement. Démonter une roue arrière n’a jamais été aussi simple et rapide : un jeu d’enfant ! Complètement à l’opposé d’un Quark par exemple, où il faudrait presque être à deux pour pouvoir remonter sa roue arrière correctement, entre le tendeur à repositionner et un axe a remettre dans son emplacement avec une chaîne tendue !
La partie arrière innove également sur un autre point, celui des haubans : ils sont en effet constitués d’un seul et même tube cintré en arc de cercle au-dessus de la roue, et par-dessus lequel se greffe un arceau rigidificateur. Ce qui apporte une rigidité vraiment exceptionnelle à la partie arrière, d’autant plus que le yoke inférieur est vraiment balaise. Voilà qui laisse augurer un maximum de plaisir sur la roue arrière !
Les haubans arrières et le « brake booster »...
Le yoke inférieur évidé...
La partie avant innove également par ce tube cintré qui donne à ce bike ce look hors-norme et très racé, et qui est aussi conçu pour donner une rigidité maximale à la partie avant et améliorer les performances du vélo sur les tapés et les transferts avant. A vérifier sur le terrain... La douille de direction est magnifiquement ajourée et laisse ressortir une fourche peinte avec le logo de la marque. Très classe...
Une autre innovation sur la partie avant qui est très intéressante pour les streeters et autres showmen, le « Rotation Concept »... Un bouchon de potence très astucieux permet de faire passer la gaine de frein avant dans la fourche tout en permettant le serrage de la potence de manière très simple d’une simple clé plate. Il fallait y penser...
Le revers de la médaille : pour changer de position et ajouter ou enlever un spacer, il faut impérativement détâcher la durite du frein magura ! Pas très pratique. Heureusement pour nous, la position initiale nous convient plutôt bien et pas la peine de se remettre à bricoler.
Ci-dessous voici les caractéristiques du bike que l’on a testé... Les manivelles et la roue libre ne sont pas d’origine, comme précisé plus haut. On a également changé le cintre. Le cintre droit ne nous convenait pas. Avec un boîtier relevé à 50mm, un cintre relevé est bien plus adapté et apporte une position de pilotage plus naturelle et efficace. Le cintre droit convient plutôt à un bike à la géométrie plus basse.
Une autre précision à propos du poste de pilotage... On a aussi de suite enlevé les poignées en mousse livrées avec ce modèle low-cost : ces poignées sont composées d’une mousse épaisse à haute densité, et n’ont rien à faire sur un vtt-trial. Autant de vraies poignées en mousses de type Try-All ou Rockman sont un vrai must, autant ces poignées toutes molles sont ce que l’on a vu de pire en la matière. A noter que lors de l’achat du vélo, on a la possibilité d’opter pour des poignées classiques en caoutchouc : à choisir sans hésitation !
Cadre | Cadre TMS Evo3 Long Blanc nacré |
Jeu de direction | TMS semi-integré avec coupelle aluminium et roulement annulaire étanche |
Spacer | TMS 10mm noir |
Boitier de pédalier | TMS Isis 73 x 140mm |
Chaine | KMC renforcée K810 |
Manivelles | Rockman Rockarm usinées CNC 175mm |
Protège pédalier | TMS CNC AL7075 avec fixation au boîtier de pédalier |
Roue libre | UN |
Pédales | TMS magnésium |
Pignon | TMS 15T noir |
Fourche | TMS 410mm, déport de 45mm, patte de disque 160mm |
Bouchon de potence | "TMS Rotation Concept" anodisé noir |
Poignées | Poignées mousse remplacées par poignées caoutchouc |
Potence | TMS 135mm x 25° |
Cintre | TMS plat remplacé par cintre Atomz UN relevé |
Moyeu avant | TMS noir 32t HS33 / disque |
Moyeux arrière | TMS noir singlespeed 32t HS33 / disque |
Jante Avant | TMS argent brillant largeur 30mm |
Jante Arrière | TMS argent brillant largeur 47mm avec trous de 28mm de diamètre |
Rayons | Inox noir 262mm |
Fond de jante avant | TMS blanc 26mm |
Fond de jante arrière | TMS blanc 32mm |
Chambres à air | TMS 2.10 / 2.50 |
Pneu avant | Maxxis Light Sply 2.1 26x2,1 Super Tacky |
Pneu arrière | Maxxis Light Sply 2.5 26x2,5 Super Tacky |
Frein avant | Magura HS33 noir avec levier long |
Frein arrière | Magura HS33 noir avec levier long |
Patins de frein | TMS verts |
Le poids de ce montage... Ce modèle low-cost, équipé des composants TMS 2008, affiche à la balance un poids de 10,2 kilos. On s’attendait à quelque chose de plus léger, mais cela reste raisonnable pour le tarif proposé : avec un pneu à tringle souple à l’avant et des chambres à air light, on passe à moindre frais sous la barre des 10 kilos.
Maintenant que cette présentation de l’Evo 3 low-cost est terminée, place au test terrain proprement dit !
Le test terrain...
Je vais vous donner mes impressions sur ce bike après un mois d’utilisation. La nouvelle géométrie de ce haut de gamme TMS m’a tout d’abord très agréablement surprise dès les premiers tours de roue et tout le monde fait la même constatation en enfourchant la bête : la position est très équilibrée et plutôt efficace ! L’empattement est annoncé à 1085mm, mais une fois la chaîne tendue, notre modèle annonce un 1093mm qui me satisfait. 1085mm aurait été un brin trop court à mon goût et 1095mm, c’est parfait avec un boîtier à +50mm. Le bike est vraiment facile à prendre en main et son comportement est très sain. La stabilité est très étonnante pour un boîtier haut : on se croirait plutôt sur un bike à boîtier bas ! L’équilibre tant sur les deux roues que sur la roue arrière est parfait.


Le vélo s’avère très facile sur les enchaînements rocheux en roue arrière. Il n’a pas la fougue d’un haut de gamme actuel ultra-léger, qui est plus vif et réagit à la moindre sollicitation, mais se révèle beaucoup plus posé, et donc plus facile à maîtriser. Il pardonne les erreurs et permet d’enchaîner les obstacles avec plus de sérénité. Rien à redire sur les pneus Maxxis à simple pli, que l’on retrouve en première monte sur la plupart des bikes haut de gamme actuels et qui ont des performances très proches des double plis : ils conservent un excellent rebond et restent très efficaces en dévers. La gomme Super Tacky répond toujours présent même par temps pluvieux. Les patins TMS m’ont très agréablement surpris. En plusieurs semaines d’utilisation, je n’ai pas eu à goudronner la jante arrière une seule fois, et pourtant cela freine et cela fait autant de bruit que des patins classiques sur une jante bien goudronnée. Ils bloquent net et assurent un freinage très puissant et surtout constant. Pas besoin de goudronner la jante toutes les demi-heures. Ce que l’on a testé de meux en la matière ces derniers temps !
En transfert sur la roue avant, le vélo est d’une efficacité redoutable. C’est indéniablement l’un des points forts de ce vélo. Ce montage ne nous facilite pourtant pas la tâche : la jante avant est en effet vraiment trop fine, avec sa section de 30 mm. Mais je me suis surpris à attaquer et à rentrer tranquillement des transferts sur lesquels j’étais en difficulté avec un bike qui faisait pourtant un kilo de moins ! Le vélo renvoie super bien sur l’avant. Un vrai régal...
Quid des franchissements ? Le vélo réagit très bien : la rigidité de la partie avant du cadre, combinée à celle de la fourche droite, lui confèrent une véritable efficacité sur les tapés. Toutefois, revers de la médaille, la partie avant est un peu lourde et il faut vraiment emmener le vélo avec les bras. On le met assez facilement sur la roue arrière, et en deux-coups, l’appui sur l’avant est très efficace, efficacité que l’on retrouve aussi sur les statiques.




Sur les latéraux, la stabilité en roue arrière est un plus évident et permet de bien se préparer à franchir. Là-encore, on sent que le vélo a vraiment du potentiel. Il faudra toutefois l’alléger un peu pour en exploiter vraiment les possibilités dans ce domaine.
La conclusion, et l’avis de l’expert :
Pour conclure, on a là un vélo qui réagit très bien sur la plupart des mouvements et qui a un comportement très sain. Pour un tarif très raisonnable de 1499€, TMS ne nous propose pas une bête de compétition et les compétiteurs opteront plutôt pour la version haut de gamme avec des composants TMS 2009 plus légers (nouveaux moyeux, nouvelles jantes, etc...), qui sera moins éprouvante sur les longs enchaînements et plus facile à emmener sur les gros passages. Ou alors ils feront évoluer une version premier prix, qui pèche par un certain embonpoint. Constats que nous confirme notre pro maison, Julien Pizzagalli, alias Pizza, à qui l’on a demandé de tester rapidement cet Evo 3 low-cost...
L’avis de la Pizza... « La géométrie est vraiment pas mal, le vélo part bien sur l’avant comme sur l’arrière. Mais son poids le pénalise et on perd en rapidité d’exécution des mouvements. Cela fausse un peu les sensations. Un peu plus léger, il serait sans doute beaucoup plus nerveux. Ce vélo est très stable sur la roue arrière, hyper rigide et il ne bronche pas. La géométrie est vraiment tip top. Je serais vraiment très curieux de pouvoir tester le modèle avec l’équipement 2009, ça doit bien donner ! »
Pour avoir une idée d’un montage ultra haut de gamme... L’Evo 3 de Nicolas Luque avec ses 8,75 kilos...
:-) | Le système de tension excellentissime |
:-) | Un vélo robuste |
:-) | Un comportement très sain et équilibré |
:-) | L’efficacité sur les transferts avant |
:-( | Le poids du modèle testé |
:-( | La chaîne qui passe près du cadre |
:-( | Une jante avant trop fine |
:-( | La position de pilotage à revoir |
Quelques photos de notre testeur de choc officiel, la Pizza et ses grosses olives, à l’action sur l’Evo 3...
Un laté’ de 90 cm pour commencer en douceur...
... avant d’enchaîner sur un gros rocher...


Le gros rocher en tapé roue arrière, puis sortie roue arrière pépère sur une arrête...


Pizza l’attaque maintenant de l’autre côté, en allant crocheter l’avant depuis un rocher en contrebas...
Un autre franchissement pour la forme et bye-bye !

