Dans un sport aussi sélectif que le trial, peu nombreux sont les pilotes qui sont qualifiés par leurs pairs de "légende". Tribal Zine a branché son micro pour recueillir les confessions d’un des gourous de notre discipline, César Cañas. Il nous donne sa vision du trial actuel et parle à ses fans...
Dans un sport aussi sélectif que le trial, peu nombreux sont les pilotes qui sont qualifiés par leurs pairs de "légende". Tribal Zine a branché son micro pour recueillir les confessions de l’une d’entre elles : Señor César Cañas. S’il y a un pilote qui fait l’unanimité dans le monde du trial, c’est bien César ! Apprécié de tous pour sa gentillesse et son professionnalisme, il est considéré également comme l’un des plus grands riders de l’histoire. Il serait trop fastidieux de dresser ici une liste exhaustive de toutes ses distinctions nationales et internationales, mais on rappellera juste que ce grand champion a décroché la bagatelle de 11 titres mondiaux sur le circuit Bike Trial de la grande époque.
César Canas est une référence pour beaucoup de pilotes débutants et un garçon au parcours hors norme. Il est encore très présent dans le monde du trial, par son implication chez Monty, où il a réalisé l’ensemble de sa carrière, mais aussi au sein des écoles de trial qu’il dirige. On a voulu en savoir plus sur ce garçon étonnant. Cet authentique gourou te donne sa vision du trial d’aujourd’hui et parle à ses fans...
Tribal Interview
Holá César ! Avant de commencer, merci pour le temps que tu nous accordes. Cela fait un moment que tu es dans le circuit, tu fais partie de l’histoire du trial. Les compétitions, ton académie et j’en passe… Qu’est-ce qui occupe ton temps en ce moment ?
Merci à vous d’avoir pensé à moi. En premier lieu, je suis très impliqué dans la formation de pilotes, via la Cesar Cañas Trial Academy. J’adore transmettre mon expérience. Je suis également l’entraîneur et suiveur de Dani Comas, j’entraîne Rafa Tibau et je suis également le suiveur d’Abel, un crack en qui je fonde beaucoup d’espoirs.
Comment la César Canas Trial Academy fonctionne-t-elle ? Quels sont ses objectifs, à court et à long terme ?
Le secret de l’Académie est de travailler toute l’année et proposer des cours presque tous les jours, mardi, mercredi, jeudi. Le samedi, on a deux sessions parce que nous avons l’éclairage de nuit dans les deux écoles. On a deux sièges, l’un au Bikepark La Poma et l’autre à l’usine Monty. J’ai réussi à trouver un moyen de rester impliqué dans ce qui me plaît le plus et de mettre mes titres sportifs au service des autres. Les objectifs à court terme sont d’aider nos top riders à progresser encore et faire en sorte qu’ils gagnent toutes les compétitions auxquelles ils participent. Je suis vraiment fier du parcours de nos pilotes et notamment des 6 titres de Champions du Monde qu’ils ont remportés ainsi que des nombreux titres nationaux…
Monty nous a impressionnés avec le M5, qui semble incarner le trial du futur. Qu’en penses-tu ?
Pour moi, c’est une véritable révolution ! Techniquement, c’est un bike ultra-rigide avec une quasi-absence de flexibilité des haubans et avec lequel il n’y a pas de perte de puissance au coup de pédale. Le vélo est léger et non seulement le cadre est nouveau mais également tous les composants. En plus, je le trouve vraiment très beau.
Sur le marché cohabitent beaucoup de marques proposant des produits à tous les niveaux de prix. Nul doute que Monty va sortir d’autres modèles mais crois-tu au succès de la marque avec des tarifs certainement élevés pour le M5, surtout en ces temps de crise ?
Je crois que oui. C’est un bike exclusif qui propose ce que les autres marques n’ont pas à leur catalogue. Mais regarde les prix d’un guidon ou d’une fourche en carbone et pourtant les gens achètent. La tendance est également à se monter un bike avec les meilleures pièces de chaque marque : au final, le budget explose. Avec le M5, tu as d’origine du matos au top, 100 % compétitif, avec lequel tu n’as qu’à rouler !
As-tu participé au développement du M5 ?
Je participe au projet surtout au niveau des idées et des nouvelles géométries qui, me semble-t-il, sont parfaites pour le trial moderne !
Le 24 pouces semble décoller, que ce soit en trial pur qu’en street ; d’ailleurs, on t’a vu rider ce format de roues dans une de tes vidéos. Crois-tu que cela puisse être le diamètre idéal pour le trial ?
Le 24 est très intéressant et il monte en puissance. Le modèle utilisé dans ma vidéo ne compte pas car c’est un bike très axé sur le street. Je pense que les 24 dispos sur le marché actuellement proposent des géométries correctes, ce qui n’était pas le cas au début. Ce qui leur manque, c’est des pneus vraiment adaptés, performants et légers.
Deux pilotes spectaculaires, Abel et Giaco, sont venus rejoindre Dani, Javi Alonso, Kazuki… Une nouvelle Dream Team, comparable à celle formée par Ot, Benito, Carles et toi ? Tu vois des similitudes ?
Je pense que chaque époque est différente mais il est vrai que le team dispose de tous les atouts pour gagner, tant en Biketrial qu’en UCI. Il y a de plus en plus de pilotes et le trial devient plus professionnel, ce qui est une bonne chose.
La saison s’annonce disputée. Quels sont tes pronostics pour le podium aux Mondiaux UCI et BIU ainsi que sur les Coupes du Monde ?
Tu sais, sur les Mondiaux UCI et sur la Coupe du Monde, mon favori est Abel ! Il a une motivation à toute épreuve, il s’entraîne plus dur que jamais, il est facile sur le spad et en plus, je suis un peu impliqué dans sa préparation ! (rires). En BIU, mon favori est Dani : Kazuki est très fort également mais Dani a l’expérience pour lui.
Comment perçois-tu l’évolution actuelle du trial ? Le trial espagnol a-t-il pris du retard, dans le domaine de la compétition comme dans celui du dynamisme ?
Je pense que le trial se développe, chaque fois je vois davantage de pilotes sur les compétitions et c’est ça qui fait avancer le sport. En Espagne, on n’est peut-être pas au niveau d’autres pays, surtout au niveau des Coupes du Monde, qui sont des épreuves très bien organisées. De toute manière, je pense que le chemin suivi est le bon, même s’il est toujours possible de faire mieux. La crise actuelle n’aide pas…
Il semblerait qu’on veuille donner un élan supplémentaire par le biais des Super finales ou encore du nouveau circuit Pro-trial Series. Que penses-tu de ces deux initiatives ? C’est la bonne direction ? Que changerais-tu pour donner un nouvel élan à notre discipline ?
Le concept de Super finales me semble intéressant, étant donné que tout ce qui réduit le nombre de pilotes et la durée d’une finale est une façon de faciliter l’accès au public. Je pense que c’est une bonne chose mais il faut voir avec la pratique, la théorie étant souvent très différente de la réalité…
D’autre part, la BIU est aussi en train de proposer des améliorations et de préparer avec soin des épreuves bien organisées : c’est comme ça que le sport grandira, aussi bien en UCI qu’en Biketrial.
Beaucoup de gens te considèrent comme un authentique gourou et un exemple à suivre, de par ton état d’esprit, ton niveau, ta créativité, tes titres… Qu’est-ce que cela représente pour toi ? Qu’aurais-tu à dire à tes fans qui débutent et aux autres ?
En premier lieu, merci à tous ceux qui pensent cela de moi, c’est un grand honneur. Je leur dirais qu’ils pratiquent un sport passionnant et très complet. Il faut de la puissance, de l’équilibre, de la technique, de la créativité… En plus, c’est une très belle discipline, très visuelle qui ne laisse pas les spectateurs indifférents. C’est aussi un sport qui nous démarque des autres sportifs, qui pratiquent des disciplines plus traditionnelles et communes. Pour toutes ces raisons, je dirais : « Galère moins et zone plus ! »
Merci encore pour le temps que tu nous as accordé. J’espère qu’on aura l’occasion de discuter de nouveau !
Merci à vous. On se voit un de ces quatre. Salut à tous !
Interview réalisée par Álvaro López. Crédit-photos : Cesar Canas Trial Akademy / Nanu Perez / Aaron Levy / Abel Mustieles.