La troisième manche de la Coupe du Monde de Trial s’est déroulée ce week-end dans le cœur historique de la cité d’Anvers, sur des zones artificielles de rochers rapportés et d’obstacles de béton et de métal très spectaculaires. La finale avait lieu le dimanche, par une belle journée ensoleillée, et les gradins des tribunes qui surplombait les zones étaient pleins. Le public constitué à la fois de connaisseurs, d’habitants de la ville et de touristes de passage acclamait les performances de chaque pilote et un speaker leur permettait de vivre tout cela à fond. Tribal Zine vous a fait suivre tous les résultats des courses en direct et en exclusivité dans les minutes qui ont suivi chacune des finales. C’est dans une ambiance survoltée que les trois leaders de la Coupe du Monde 2010 ont brillamment défendu leurs maillots : Gemma Abant a parfaitement géré sa course et fait un beau trial (Coupe du Monde d’Anvers - Finale Femmes), Gilles Coustellier a littéralement survolé toutes les difficultés de la course Elite 26" en effectuant un trial quasi-parfait, puisqu’il n’a posé aucun pied (Coupe du Monde d’Anvers - Finale Elite 26") et Benito Ros a sabré le champagne après avoir réalisé une performance elle-aussi exceptionnelle,
avec un tour à zéro et trois pénalités seulement au carton (Coupe du Monde d’Anvers - Finale Elite 20") ! Bref l’organisation de cette étape belge et les riders présents nous ont offert du très grand spectacle. Ce fut pour nous comme pour tous les riders et le public présents un dimanche magique et inoubliable. Nous vous proposons un reportage complet sur cet évènement que nous avons eu la chance de vivre de l’intérieur. La première partie ci-dessous...
La découverte d’Anvers et de ses zones :
C’est vers cinq heure du matin que quatre joyeux drilles du Tribal Staff prennent la route en direction de la Belgique pour aller vivre de l’intérieur cette Coupe du Monde. Sur la route, le temps est maussade mais s’améliore peu à peu. Finalement, quand on arrive à destination, le soleil illumine la magnifique ville d’Anvers. Une ville que nous découvrons, et qui nous séduit tout de suite. On avance le long des rue piétonnes du centre ancien et nos yeux se régalent devant la beauté des bâtiments anciens et des monuments de cette cité historique, qui est depuis des siècles un centre culturel et artistique européen majeur. Les chocolateries et les bars à bières sont aussi très excitants. Puis au détour d’une ruelle, derrière la cathédrale, on aperçoit les drapeaux de l’UCI et de la Coupe du Monde, de gros visuels Red Bull. La troisième manche de la Coupe du Monde se prépare, et elle est installée sur la Grant Place d’Anvers, au pied de la statue Brabo.
9h30... Nous découvrons le site et les zones d’Anvers, qui se réveille doucement...













Une tribune est dressée en face de l’Hôtel de Ville, et surplombe les zones. Et quelles zones ! Le spectacle promet d’être très intense. Certaines portions nous semblent même franchement dangereuses : quelques passages n’autorisent pas la moindre erreur. La zone 1 est construite devant et autour de la fontaine. Lorsqu’un arrive, Gilles Coustellier est déjà là, en repérage. Cette zone commence d’abord par une portion de rochers rapporté. En entrée, un énorme franchissement constitué de deux gros rochers superposé : il faut aller crocheter le second au-dessus. Quelques-uns des meilleurs élites s’y feront des grosses frayeurs (Abel Mustieles). Une fois ce premier obstacle, il faut enchaîner toute une série de gros rochers. Puis ensuite on attaque la seconde partie de cette zone, celle de la fontaine, par un énorme deux-coups. Il n’y a pas d’eau qui coule, mais les rochers moussus sont d’une adhérence très précaire. La veille, Wesley Belaey a chuté et a été emmené d’urgence à l’hôpital. On le reverra sain et sauf dans la journée, mais avec une jambe bien bandée. Sa saison est terminée. Bref cette première zone est une entrée en matière particulièrement corsée. La zone 2 est composée de buses et d’autres obstacles de béton, avec des passages très (trop ?) difficiles à négocier. Il y a notamment ces buses dressées à enchaîner, qui ne sont pas bouchées, et qui seront fatales au N°1 Ozonys Guillaume Dunand et le contraindront à l’abandon. Guillaume nous a fait une très grosse frayeur. Sa roue arrière est restée bloquée sur une buse alors qu’il donnait son impulsion pour descendre sur une autre, et il est passé par-dessus le guidon, les bras en avant. Il a essayé de se rattraper sur le haut de la buse d’arrivée, mais le bras est parti dans la buse. Il s’en sortira heureusement indemne. Cette chute d’une très grande violence nous amène à nous interroger sur la dangerosité croissante des zones élites. Le trial élite n’est-il pas en train de devenir trop extrême ? Lors de la dernière étape de la Coupe du Monde, Giacomo Coustellier a violemment chuté. Cette fois-ci, ce fût au tour de Wesley Belaey et de Guillaume Dunand. Ces zones ont posé de gros problèmes à la majorité des riders, et les chutes étaient légion lors de cette finale. Parmi les autres grosses difficultés de cette zone, un énorme deux-temps pour la catégorie 26".
La zone 3, celle en face de l’Hôtel de Ville, est particulièrement spectaculaire, avec ces trois pyramides de béton, que l’on a surnommé les dents de vampire, et il faut faire preuve d’un sacré sang froid pour sortir chacune d’entre elle sur la roue arrière ! En milieu de zone, il y a un latéral qui fait bien 1m30, en négatif : il faut se hisser sur une plaque de béton. Monstrueux. Mais un autre latéral encore plus incroyable attend les riders en fin de zone. Il est dans les hauteurs. Départ sur une dalle étroite, pour aller se hisser 1m30 plus haut. La plupart des pilotes assureront cet obstacle infernal. Seuls Gilles puis Benito parviendront à le passer sans appui. La zone 4 est une zone de rochers très étriquée et avec de nombreux pièges, une succession de gros passages, dont quelques franchissements avec des appels très réduits et des réceptions particulièrement techniques. La zone 5 mixe ensuite des rochers à des passages sur des plateformes métalliques. Il faut se hisser sur une des plate-formes en effectuant un deux-temps inhumain, qui culmine bien à 1m80. Certains pilotes parviendront à l’assurer en montant le pied sur la rampe à côté et en contournant la flèche, mais il fallait des talents de contorsionnistes ! Et il fallait faire attention de ne pas raccrocher le vélo dans les barres de la structure sous peine de rester bloquer (comme Rick Koekoek). Ensuite, une des autres grosses difficultés sera cet énorme transfert entre deux plateformes, un transfert sur l’avant, avec de la longueur et de la hauteur. Ce parcours de trial extrême se termine par une zone 6 composée de rochers, comme la 4, avec une succession de passages encore plus gros, avec notamment des statiques et des transferts qui demandaient énormément d’explosivité et de technique.
La Finale Femmes :
Une demi-heure plus tard, on entre dans le vif du sujet avec le lancement de la Finale Femmes. Les filles sont appelées devant le PC de l’organisation. Les soeurs Abant, qui étaient la veille sur le Championnat du Monde de Bike Trial en Italie, sont là. Karin Moor est détendue, mais déterminée à rattraper le retard qu’elle a pris au général à Biella suite à son accident. Aux côtés des leaders qui trustent les podiums depuis des années, et ont toutes plus de vingt ans, une nouvelle génération de filles qui ont quant à elle 15-16 ans et de l’ambition : les Allemandes Andrea Wesp et Romina Fix, la Slovaque Tatiana Janickova (qui est montée sur le podium de Biella) et la Belge Perrine Devahive. Le coup d’envoi est donné et les filles prennent la direction des zones. Quel dommage qu’elles ne soient pas plus nombreuses sur le circuit UCI ! Sept filles seulement qui répondent présent à une Coupe du Monde c’est infime. On espère qu’un jour le trial féminin prendra de l’ampleur, car c’est la condition sine qua non du développement et de la reconnaissance de notre sport. Si un jour le trial devient olympique, ce sera parce qu’il y aura des filles de toutes les nations sur les zones des compétitions internationales ! Et malheureusement, on en est encore loin... La France est d’ailleurs en bien mauvaise posture sur ce plan-là. Depuis le départ de Julie Pesenti et de Marion Porcher, le trial féminin français est en crise. On attend avec impatience la relève !



En attendant, on va admirer ces sept compétitrices sur les zones d’Anvers. Le parcours féminin est loin d’être facile. Les zones sont longues et comportent chacune des portions très piégeuses qu’il faut négocier avec concentration. Notamment les transferts dans les rochers, et ceux dans la seconde zone de béton. Les passages tracés dans le bas de la fontaine Brabo sont également délicats à gérer, même s’il n’y a pas de grosse difficulté. Les filles sont en full disk, et roulent avec souplesse et précision, sans bruit. Peu à peu les passants se joignent aux connaisseurs pour les encourager et applaudir leurs performances. Vive le trial féminin !
L’Espagnole Gemma Abant Condal défend brillamment le maillot de leader, qu’elle a endossé à Biella et réussit à s’imposer au terme d’une course parfaitement gérée, devant la Suisse et Championne du Monde Karin Moor. Elle contrôle la compétition de bout en bout, mais Karin n’est jamais loin. Peu de points séparent au final les deux grandes dames du trial mondial : Gemma termine la course avec 7 points et Karin 11. Gemma à l’action sur les zones 4 (rochers) et 3 (béton)...
Karin Moor sur le béton des zones 2 & 3. Les gros transferts s’envoient sur la roue avant ! La Championne du Monde maîtrise parfaitement cette technique.
Mireia Abant prend la troisième place avec un total de 18 points. Les gros transferts s’envoient sur la roue arrière, en poussant un cri de guerre. Ses services sont toujours gagnants !
L’Allemande Andrea Wesp n’est qu’à deux points du podium. A l’action dans les deux zones de béton...
La Slovaque Tatiana Janickova prend un cinq dans la zone 4 des rochers et fond en larme. Elle n’est pas dans un bon jour et finira la course en cinquième position à 32 points.
La très jeune Romina Fix, sixième, qui n’a que 15 ans, sort cette zone 3 à deux points au premier tour.
Ici sur la zone 4 des rochers, qu’elle sortira à un point.
La Belge Perrine Devahive, septième, à l’action. Elle se fera particulièrement remarquer sur la zone 3. Elle prend un cinq au premier tour, mais réussira ensuite à la sortir à zéro aux deux tours suivants sous les applaudissements de son public !
Le podium et les résultats de cette Coupe du Monde féminine...
Pendant que se déroule la course féminine, la télévision belge est en train de mettre en place des moyens techniques impressionnants pour couvrir la course élite 26" ! Les Dieux du Trial vont bientôt entrer dans l’arène...