Il y a quelques jours, nous vous proposions une galerie-photos d’une session d’entraînement d’Abel Mustieles. Voici son interview ! L’actuel numéro 1 mondial en 20 pouces nous livre une info exclusive : son ambition est de marquer l’histoire de notre sport et cela passe par des victoires dans toutes les catégories !
Une entrevue sincère dans laquelle Abel évoque le futur mais aussi le cheminement qui l’a conduit au titre mondial, venant couronner une saison parfaite. Une fois encore, nous tenons à le remercier pour sa franchise et sa disponibilité. Disfrutad !! Crédit-photos : Alberto Casas Fotógrafo (photos studio), Dave Macleod/Gameplan Media, (Pietermaritzburg), Alvaro Lopez/Tribal Zine (Caspe).
Tribal Interview
Cela fait plusieurs années que tu cours après le titre mondial. Des années d’efforts et d’entraînement. Finalement, tu l’obtiens : tu peux nous parler de cette épreuve et notamment des demi-finales qui étaient très tendues ?
Les zones étaient « faciles », sortables sans véritablement de passages spectaculaires. Nous avons tous décidé d’assurer, de ne pas prendre de risques. Il s’agissait donc de commettre le moins d’erreurs possible. Je ne pose que deux pieds, le trial presque parfait. Ces deux pieds pouvaient être évités mais les droitiers pouvaient facilement se laisser piéger. J’ai donc décidé d’assurer. La tension était forte en demi-finales. Ce sont toujours des moments étranges, que l’on ne retrouve pas sur les Coupe du Monde. Je vis ces demi-finales plutôt difficilement. Je me suis détendu quand j’ai vu que Benito avait pris un 5 dans la deuxième zone. Les choses se sont ensuite mieux déroulées. On finit premiers, ce qui est très important dans les Mondiaux et notamment celui-ci.
Ion Areitio et Rick Koekoek faisaient partie de tes concurrents directs. Ils ont fini par craquer : qu’en penses-tu ?
Je n’ai rien vu de leurs courses. Je sais que Rick était blessé à un pied ; quant à Ion, je n’en sais pas plus. Tu ne pouvais pas trop regarder les zones, tu avais ta propre course à faire. Ils n’ont pas posé énormément de pieds mais comme c’était très serré, la moindre erreur était très pénalisante.
Arrive la finale : tout était parfait pour toi mais il commence à pleuvoir et tu commences à douter…
Oui, dans un premier temps, je me suis dit que ça allait mal se passer et que je ne pourrais pas tenter les passages décisifs. Je ne roule pas trop mal quand c’est mouillé mais la pluie change la donne, comme ce fut le cas à Heubach. C’était une pluie fine mais constante et la boue est apparue très rapidement. J’aurais préféré qu’il pleuve plus fortement, pour nettoyer les rochers. Je n’aime pas assurer, je préfère tout tenter et l’arrivée de la pluie m’a quelque peu démotivé. J’ai dû repenser toute la course. On a évoqué la possibilité de reporter la course au lendemain. Finalement, un seul passage a été modifié avec du grillage et davantage de sécurité. A ce moment-là, Carles m’a maintenu la pression. J’ai commencé à bien me chauffer et à m’éclater. On s’est dit : ça peut s’avérer un désastre ou alors c’est l’idéal pour tirer parti de la situation. J’ai commencé à profiter du « désastre » (c’est possible parfois…) et une fois dans la course, j’ai commencé à me dire… Tu tentes tout !
S’ensuit une finale atypique : Dani et Benito sont loin, Fontenoy devient ton plus proche rival et à trois zones de la fin tu es mathématiquement Champion du Monde. Que ressentais-tu ?
Imagine que c’était la première fois que je m’éclatais autant sur des zones. J’ai mieux roulé qu’au premier tour, malgré les mêmes pénalités. J’ai profité du moment, ce qui m’a rendu heureux. Le podium, l’hymne… c’est superficiel. Je garde en tête les trois dernières zones, le sourire aux lèvres de Carles et aux miennes… C’était incroyable.
En moins d’un an, tu as tout gagné. On peut comparer ce Championnat du Monde à la finale de Genève, l’an dernier, quand tu remportes le général de la Coupe du Monde ?
L’épreuve de Genève, ça a été très tendu, je voulais gagner après le Mondial. Mais un Championnat du Monde reste un Championnat du Monde, même si je lui reconnais moins de valeur qu’une Coupe du Monde, qui consacre la régularité. Tout a roulé comme sur des roulettes pour moi : maintenant, je suis plus tranquille, j’ai « bouclé la boucle ». Je vais poursuivre en étant heureux et motivé.
Tu as tout gagné. C’est le fruit de trois ans de travail intense.
Oui, c’est ça. C’est simple : pour progresser, tu dois t’entraîner dur. Il n’y a pas de secret. Le mien a été d’apprendre à m’entraîner. J’ai réalisé qu’avant, je ne m’entrainais pas vraiment, c’était un loisir. Je pense que c’est en changeant d’optique et de méthode que j’ai acquis des résultats. Cette saison a récompensé mon entrainement. J’en profite pour remercier Jesús, qui m’a guidé dans cette voie.
Cela peut représenter un changement générationnel au sein du 20 pouces ? Quels seront tes principaux rivaux la saison prochaine ?
Benito, Dani, Rick, Ion… Mes rivaux de toujours. Il y a aussi les Allemands Raphael Pils et Lukas Krell… Ils ont chacun un énorme potentiel, étant donné leur âge. Le plus dangereux sera Benito. Et puis, qui sait, un 26 est capable de venir et de nous surprendre…
Tu envisages de rouler un jour en 26 pouces ?
Oui, bien sûr. Et cela ne va pas tarder. Je me donne encore 2 ou 3 ans en 20 pouces et ensuite, je passerai au 26. Je veux profiter du 20 pouces et atteindre le plus haut niveau possible. Le passage au 26 me motive énormément. Mais bon, cela fait maintenant quelques années que je roule en 20 pouces. Maintenant que je suis arrivé au sommet, je compte bien y rester encore quelque temps.
Ton principal adversaire devrait être Jack Carthy. Tu te vois l’affronter ?
On ne peut savoir à l’avance qui sera mon plus grand rival. Je pense que Jack sera au sommet quand moi j’arriverai au 26. Mais il sera difficile pour moi d’être tout de suite à son niveau. Il va donc falloir que je travaille dur. Le trial évolue beaucoup et je ne prétends pas devenir un très bon pilote 26. Simplement, changer de catégorie est un défi qui me motive beaucoup. Je ferai tout pour accéder au sommet de la hiérarchie mondiale. Je commencerai par courir le prochain Mondial. Mais bon, pour le moment, facile à dire…
Ce fut une saison magnifique. Tu veux remercier quelqu’un en particulier ?
Oui, je veux remercier beaucoup de gens. Ma famille pour son soutien à 100%, Pilar pour me supporter, Carles, mon suiveur et ami. Jesús pour la préparation, mon kiné José. Mes sponsors également : AMG Bikes et bien sûr mon sponsor principal Wild Wolf sans qui rien ne serait possible. Je n’oublie pas non plus ma nouvelle équipe de communication, BDS Sport qui a réalisé un travail magnifique. Et pour finir, je vous remercie pour votre constante envie de mettre le trial en valeur. Musti.
Réalisé en exclusivité par Álvaro López pour Tribalzine