Nous sommes à l’aube de la saison 2010. Dans quelques jours le soleil se lèvera sur La Tour de Scay et la grand-messe des K-124 Days sera célébrée durant tout un week-end sur un nouveau site et de nouvelles zones. Le tout savamment concocté par l’équipe d’Alain Rémy, qui chaque année n’en finit pas de nous régaler.
Cela fait une bout de temps qu’on veut se faire cette grosse interview de Vincent Hermance et de Franck Martini boss de la K-124 Akademy, histoire de savoir où ils en sont, de parler de 2009, de 2010 et de choses et d’autres. Le moment est propice. Voici donc Vincent « Vince » Hermance & Franck Martini, qui se confient sur le divan de Tribalzine !
Interview (1/2) :
Première partie des confidences...
Le tandem Vince et Franck, ça date de quand ?
Franck Martini : La vérité ? Ce n’est pas fun du tout ! (rires) Début juin 2009. J’ai reçu un message de Frank Chastel (marseillais pur sucre) sur Facebook qui me disait qu’il y avait un projet d’installation de lettres du type « Hollywood » en plein milieu des Calanques à Marseille. Je lui ai renvoyé une autre proposition, un truc que hurlent systématiquement les Virages Sud du Vélodrome sur Paris (« Paris ! Paris ! on t’…… ! » chut !). Ce n’est pas très fin, mais ça me faisait rire d’imaginer un touriste ahurît découvrant la chose en arrivant en bateau de Cassis. C’est tellement récurent ici cette haine de la capitale. Le message a été envoyé à tous les contacts de Chastel par la fonction répondre à tous. Et Vincent m’a répondu. On a discuté un moment et forcément on a abordé la question de l’entraînement… Et au détour d’un échange, il m’a lancé, en forme de boutade : « bon, on commence quand ? » (rires). Je sais depuis, qu’il aurait aimé qu’on se rencontre à Londres en février 2009, mais on s’est raté ! On aurait pu attaquer plus tôt…
Vince : Rien a ajouter, si ce n’est que je ne suis pas un "fana" du PSG mais plus un partisan géographique de cette équipe. Il me parait plus logique de supporter l’équipe que tu peux aller voir au stade non ? Mais mon club de cœur c’est Manchester United ! (là je suis en train de faire kiffer mon frère a mort !) Pour ce qui est notre rencontre je suis désolé pour le coté pas super glamour de cette rencontre ; les echos "fabulés" par certains que j’ai eu l’occas’ d’entendre était bien plus exotiques, machiavéliques ou encore conspirationnels (ça existe ça ? sinon je tente "conspirationnalistique, mot compte triple !)
Vous avez commencé à travailler ensemble en début de saison, vous avez d’emblée annoncé que vos objectifs étaient à plus long terme que 2009, et que Vincent ne rentrerait "en charge" probablement que par la suite. Il n’a pas en effet réussi à remettre en cause le leadership de la machine Gilles Coustellier, qui a conservé tous ces titres. Sauf celui de la Coupe du Monde, qui est revenu à Kenny Belaey, qui a aussi pris le titre de vice-Champion du Monde à Vince. Mais on a tout de même vu Vincent faire de GROS trucs cette saison, on se souvient notamment de la Coupe du Monde de Saint-François Longchamp, où il a été très fort, ou de la Coupe de France de Samoëns, qu’il a remporté devant Kenny ! Quelle analyse et quels enseignements tirez-vous tous les deux de la saison 2009 ?
Vince : Il est certain que notre démarche se situait à plus long terme. Pour se centrer uniquement sur les mondiaux 2009, le plus stratégique aurait été de ne bosser que la régularité, le fait d’être capable de rouler a 100% de mes moyens et de se centrer sur l’approche psychologique. Refaisons le monde : si on regarde le truc avec des "si", et à posteriori, on aurait pu jouer le truc comment, pour faire au plus efficace ? On se serait centré sur l’efficacité en compet’ : je ne faisais alors que peu d’erreurs à Cambera et je prenais le titre sur le fil ? Mais je n’aurais pas été plus fort techniquement que par le passé, cela aurait été une victoire en demi teinte, qui en plus n’aurait pas mis en avant les valeurs qui me boostent au quotidien. Et aujourd’hui je serai sans doute un peu blasé. Tu vois que même en se la jouant ré-écrivaint du passé super optimiste (rires), je ne trouve pas de scenario qui pourrait me faire nourrir des regrets quant à l’année passée. Nous avons fait l’inverse : à savoir chercher a avancer réellement et combler le plus de retard possible. C’était un pari osé et le temps nous a clairement manqué mais aujourd’hui je dispose déjà de 6 mois de recul sur ces évolutions, et la mise en place avance bien. Je continue de viser le titre mais pas comme un épicier, non. Plutôt en arrivant le jour j le mieux armé et pour tenter de gagner de manière indiscutable. Pour être franc mon objectif n’est pas de construire un palmarès long comme le bras mais plutôt d’écrire de belles histoires pour le futur, pour mes gosses à venir. Jusqu’a présent, chacun des titres que j’ai remporté m’a comblé, pour une raison ou une autre. C’est ce que je recherche : je ne satisferai jamais d’un titre usurpé, volé ou encore litigieux… Sinon, à posteriori je regrette vraiment de ne pas avoir fait le déplacement en Nouvelle Zélande, c’était ma place et mon job ! Mais rien n’a été fait pour faciliter aux pilotes le déplacement là-bas depuis l’Australie. Maintenant j’ai une bonne excuse : je me mariais 5 jours après... Qui dit mieux ???
Franck Martini : Quels enseignements ? Aucun ! (Rires). Sérieusement, Vince est le cas le plus problématique que j’ai eu à gérer dans ma carrière. C’est vrai que je savais que j’avais besoin de temps. Mais on est arrivé à un stade où il ne faut surtout pas développer le physique car c’est franchement inutile : on cherche à s’en servir le moins possible. Quand je dis que j’ai besoin de six mois pour rendre quelqu’un super fort, je le pressens généralement ; et ça se vérifie toujours. Avec Vince, le problème c’est que lorsqu’il essaie de s’engager physiquement, des organisations anciennes (syncinésies automatiques) viennent parasiter la performance spécifique. Et ça, ce n’était pas prévu du tout : je veux dire que ce qui le rendait super fort à un moment de l’histoire du trial, le dessert maintenant parce que cela limite ses possibilités, notamment sur les obstacles complexes. Il faut reconstruire sur la base de nouvelles adaptations plus novatrices, dont celles déjà adoptées par Gilles pour compenser un physique potentiellement plus faible au départ. Ca prend donc du temps et Vincent a tendance à vouloir des résultats immédiats et progresser trop vite, mais la progression n’a pas de rapport avec une addition ! Ca se saurait : les progressions linéaires, malheureusement ça n’existe que dans la théorie. Il s’agit plutôt d’une réorganisation en volutes excentriques qui affecte forcément tous les autres paramètres. C’est ce que vit Vincent en ce moment, et c’est pas facile du tout car il faut supporter des phases de plateau et même des phases de régression. C’est la première fois qu’il vit un truc pareil. A lui d’être fort et d’être patient. Mais, même s’il fléchit, il se relève et recommence : il est costaud et motivé.
Franck tu es ce que l’on appelle un coach global, mais chez toi le mot global a un sens très large qui déconcerte beaucoup de monde. Notamment quand on voit par exemple Vince sur un ring ou sur des murs d’escalade : beaucoup voit plutôt cela comme des actions de communication qu’une composante d’un entraînement global. Que répondez-vous à cela ?
Franck Martini : Global parce que j’ai la chance d’avoir des domaines de compétences complémentaires assez étendus, que j’ai développé, et aussi parce que je me suis intéressé à beaucoup de choses plutôt que d’attendre des interventions extérieures de « spécialistes », même si j’épure et que je ne garde que l’essentiel de tout. Je préfère gérer moi-même avec l’athlète tous les domaines : psycho, alimentation, physique, technique, stratégique etc. J’ai toujours eu une approche macroscopique des problèmes. Ca évite l’éclatement des apports parfois contradictoires. Sinon la boxe c’est pour la combativité, et l’escalade plutôt pour la gestion affective, essentiellement, même si tout ça ne constitue pas la base de la préparation mais reste des annexes utiles. Quant à ceux qui pensent qu’il s’agit de communication, c’est tout à fait leur droit. Mais ils peuvent venir boxer ou grimper avec nous ici à Istres, la porte est ouverte…
Vince : Et puis le truc c’est que quand Franck m’emmène grimper ou combattre on ne distribue pas de tracts pour s’affirmer par rapport à cela, on pense juste que cela peut être un bon apport pour la prépa, et puis, et avant tout, j’aime ça. J’ai toujours eu le vertige, plus par principe que par réel psychose je crois. Depuis que nous sommes allé grimper quelques fois (et aussi que mes potes m’ont poussé a faire un saut à l’élastique de 60m...) je me rends compte que cette peur était, en plus d’être irrationnelle, souvent recherchée et pas ressentie. Du coup je ne crois plus y être sujet, certes je ne me régale pas en hauteur mais je me fais facilement violence. L’apport de cela dépasse la cadre de ma prépa en trial, j’avais peut être besoin d’être confronté à certaines situations pour apprendre a me dépasser dans un cadre plus large que le trial, un genre d’école de la vie en somme.
Tu as un nouveau livre de chevet, Vincent : L’Art de la Guerre ?
Vince : Non ça c’est un coup de com ! (lol). Mais j’ai plein de livres de chevet, avec un fort enclin pour les romans un peu glauques genre Grangé, et les biographies. J’adore voir le parcours de mecs qui ont marqué leur temps. Le dernier en date c’était Gainsbourg : fascinant ce mec ! Mais depuis quelques temps je suis sur « Un coup d’épée dans l’azur »...
Dans le Tribal Staff, il y a des garçons qui ont fait du full contact et taté aussi de l’escalade et on parle beaucoup de ce que la pratique de ces disciplines peut apporter au trial. Qu’est est l’apport de la boxe française dans l’entraînement du trialiste ? Vince n’est pas assez agressif à ton goût, tu disais ?
Franck Martini : Je cherche à modifier l’approche de Vince sur la compétition. En compétition on vient pour faire le maximum et pour exploser les autres. Point. Même en étant un mec cool. Et ça, ça se fait lors de la confrontation. Ca se travaille. Il y a des types qui font de grands sourires, qui paraissent sympas, te tapent sur l’épaule, mais qui peuvent te marcher dessus à la première occasion. Le truc c’est d’apprendre à sentir quand le mec en face commence sportivement à te marcher sur les pieds, sentir quand il vient bouffer dans ta gamelle. Et s’appuyer dessus pour devenir plus combatif. Ca s’apprend aussi…
Vince : J’aimerai rajouter que mon modèle de vie est, et ce depuis des années, Fight Club de Chuck Palahniuk. Mon modèle de carrière, celle de Muhammad Ali... Il était temps que je passe à l’action, histoire de voir ce qui se passe vraiment quand on y est, non ?
La boxe est aussi la meilleure école du respect, non ?
Vince : La boxe je le recommande vraiment à tous, pas seulement aux trialistes. Le truc c’est que cela dédramatise l’affrontement physique, et puis cela donne confiance en soi. Moi je le vois plus comme une préparation à l’acceptation de pouvoir recevoir des coups plutôt que de rendre agressif et volontaire pour en donner. Je suis paradoxalement plus calme dans mon approche des petits conflits de tous les jours, fini le roquet qui aboie histoire de ne pas devoir mordre. Je suis calme, mais je pose certaines limites, le truc c’est la formule de Franck ci-dessus : on ne bouffe pas dans ma gamelle ! Tout est dit là dedans.
Franck Martini : Je dirais que la meilleure école du respect c’est plutôt tout ce qui concourt à aider les autres. La discipline n’apporte rien, c’est le type qui fait l’effort. Je crois que ça rend un peu plus agressif certainement, et que l’on recherche l’affrontement parfois pour se jauger. La boxe ça ne reste que des règles établies pour codifier une opposition. Mais c’est un sport incontournable, qu’il faut avoir abordé même partiellement. Parce que l’échec signifie ici douleur et baisse de l’estime de soi. Et ce sont des trucs fondamentaux qu’il faut contrôler absolument. Qui s’acquièrent, et qui se perdent tout autant. Tu apprends à dominer les autres et à assumer cette domination parce que c’est l’essence de la compétition. Si tu ne comprends pas ça et que tu gagnes, c’est que tu es vraiment un as des as dans ta discipline. Sinon, il faut passer par là. C’est un chemin possible…
Et l’apport de l’escalade ? Comme en trial c’est un sport où il faut analyser rapidement le parcours, avoir de l’intuition, anticiper ?
Franck Martini : Gainage, travail des avant-bras, équilibre, lecture du rocher, adhérence, contrôle émotionnel, résistance, plaisir et partage. Mais pas forcément fondamental. Je m’en sers pour tester le sportif. Vince m’a impressionné sur le coup. Il est plus fort que je ne l’aurais été au même niveau. Il est lucide et résistant. L’escalade laisse globalement plus de temps en falaise pour prendre des décisions et s’engager. Mais c’est un travail très ponctuel qui raidi les avant-bras et les doigts et pose d’autres problèmes en trial.
Vincent, après une journée sur le ring, un match de l’OM et quelques bières, tu as dis que tu avais compris un truc ? Qu’est-ce donc ?
Vince : La formule "j’ai compris un truc" n’avait pas pour but de créer un mesquin effet de surprise, c’est plus que j’ai commencé à intérioriser certains trucs que je ne concevais pas forcement. De là à les verbaliser il y a encore un pas, alors cette formule exprimait bien une nouvelle approche, mais des difficultés encore pour l’exprimer... Enfin on est là pour tenter non ? En fait avec l’approche super large de Franck je comprends peu à peu que le trial n’est en fait qu’une illustration de ma vie de tous les jours, une "parabole" pour reprendre les termes de Franck... et de Jésus. Du coup je prends un peu de recul par rapport à mes relations à la performance, c’est certes très important pour moi et l’objectif premier sur un plan professionnel mais j’accepte de garder la tête froide face au déroulement d’une saison, on ne fait jamais que de la bicyclette... Par contre je me rends compte qu’il est indispensable d’être sur le vélo le même mec que celui que je veux devenir dans la vie. Donc je tente d’appliquer certaines valeurs a mon approche du trial.
Vince semble déjà très affuté : il a adopté ton régime spécial qui tu avais testé en équipe de France de boxe et avec des grimpeurs de haut niveau ?
Franck Martini : Tout à fait, ce n’est pas un secret : je partage parce que la santé et les conditions de la performance devraient être accessibles à tous. Le reste est inutile et ne permet que de rassurer ceux qui gambergent un peu trop sur l’alimentation et sur les problèmes de poids. Quand aux suppléments énergétiques sensés te dynamiser, je reste toujours, et tout autant qu’auparavant, très critique sur leur utilisation. Je pense qu’il est illusoire de laisser croire que l’on a besoin de béquilles pour se rassurer : dès que tu crois que tu peux être mieux avec un truc extérieur…tu es fini. Outside ! Tu ne seras jamais ta propre légende. C’est ça la vraie porte entrouverte à l’esprit du dopage. Il faut vouloir être clean totalement. Il n’y a pas d’arrangements avec ça. Ou alors se tourner que vers des choses pures, brutes et naturelles. Vince a cherché à être un peu méthodique grâce à ce type d’alimentation lui permet de devenir réellement végétarien (combinaison légumes secs et céréales par exemple pour les protéines). Je cautionne à demi à cette période de la préparation parce que ça entraîne des bouleversements et exige un suivi plus strict pour parer à des déficits éventuels, comme pour le fer, mais c’est une approche écologique qui intellectuellement me convient. Et pour moi, c’est la tête qui prime toujours.
Vince : Le truc par rapport au végétarisme c’est que je ne veux vraiment pas être vindicatif par rapport à cela et penser que j’ai raison. C’est juste que l’approche "je prends sur Terre la part qui me revient et basta" me plaît assez. Avec les conditions d’élevage et de pêche actuelles je ne me reconnaissais plus trop là dedans. Et puis il y a le coté défis jusqu’au-boutistes qui me fait toujours marrer "ok, maintenant rien que je suis capable de plus manger de viande ou de poisson !"(rires) D’un point de vue plus général le poids c’est vraiment pas un truc central, c’est juste que j’aime me dire le matin des compet’ : "tu as fait le max et tu ne pourras pas te reprocher d’avoir été trop laxiste dans ta prépa". C’est plus un moyen de se centrer qu’un réel facteur de performance. Et puis il y aussi du narcissisme là-dedans, c’est clair…
Ecologie et alimentation ?
Vince : Un toubib m’a dit : "végétarien depuis un mois seulement ? Révélation tardive ?". Bah, oui en fait, j’ai eu cette "révélation" en regardant Océan au ciné : quand j’ai vu les scènes de pêche, je me suis dit que je ne cautionnais pas. Je ne suis pas un écolo militant mais certains trucs me poussent a tenter d’être un peu respectueux de la nature. J’ai la chance de passer mes aprem’ dans des coins de vert magnifiques, je suis un privilégié mais je ne veux pas regarder ailleurs lorsque certaines choses m’interpellent. J’essaie de m’impliquer à mon niveau, modestement.
Franck Martini : Je défends depuis très longtemps dans mes publications l’idée qu’en limitant l’ingestion de viande, tu limites forcément la pollution en réduisant par là l’élevage industriel, les champs de fourrages, l’agriculture intensive, la pharmacologie animale, l’épandage et le déversement d’hormones, la pollution des nappes phréatiques et des eaux courantes, la surconsommation d’eau, et les transports à tous les niveaux. L’important sportivement, c’est de prouver qu’on peut avoir des résultats en étant éco-responsable en termes alimentaire. C’est l’objectif de base cette année. C’est rare que des types de haut niveau aient des convictions marquées et spontanées dans ce domaine. Pour cela, je le suis tout de même dans son approche végétarienne, même si je le l’ai pas du tout encouragé dans ce sens.
Intéressant ! Vous vous centrez donc sur une approche très minimaliste de la vie et un type de retour aux « valeurs premières » ?
Franck Martini : Voilà. On partage quelques valeurs centrales. On est pas très matérialiste. Par exemple, je n’aime pas les grosses voitures sportives ou les 4X4, ça me laisse froid. J’ai toujours eu un gros doute en pensant que, peut-être, ça compensait le manque d’un sentiment personnel de puissance chez le bonhomme, ou plus certain, un déficit sérieux de « visibilité sociale ». En clair, on chercherait revendiquer des qualités déficientes aux yeux des autres. Il y a pas mal de femmes qui pensent la même chose… Il suffit de les questionner, ce sont les mieux placées pour te répondre ! Je peux me tromper, et il y a certainement des exceptions, mais c’est mon analyse, certes un peu caricaturale. Vaut mieux vivre avec ce que l’on est et bosser sur soi. Le reste c’est du vent.
Vince : A fond ! (ok hormis l’iPhone… je suis gaga de ce gadget !). Encore une fois je ne veux pas tenter de convaincre avec mes propos : mais concernant particulièrement la vitesse, j’ai eu les motos les plus performantes et je m’en suis servi sur route ouverte, j’ai attaqué comme un âne en bagnole... Mais aujourd’hui, je me dis que je suis assez gâté par la vie en général, et ce n’est pas la peine de jouer avec ça pour 2mn de plaisir égoïste. Mais retourner faire de la moto sur circuit après ma carrière me dirait assez !
Vous vous entraînez sur les spots des Coustellier... Est-ce Vince roule avec les frangins terribles du trial et notamment le Big Boss ? Ou alors chacun roule dans son coin ? Il est vrai que vous roulez tous deux pour la même chose : la première place !
Franck Martini : On s’entraîne essentiellement à Istres et St Mitre. Les spots nous accueillent et il faut les respecter, ne pas trop laisser de marques du passage des vélos, éviter d’abîmer le rocher, de laisser trainer de déchets du types chambres à air crevées ou bouteilles vides par exemple. Ensuite, il n’y a pas de types terribles : il n’y a que des pilotes très expérimentés qui roulent depuis très longtemps ici et qui, à force de s’entraîner sur ces terrains, ont pu réaliser de très difficiles passages, certainement parmi les plus durs actuels. Enfin pour le Big Boss, je te rappelle qu’il n’y en a en qu’un en Provence : c’est Eric Cantona ! Point barre. (rires). Et c’est pas demain qu’il y en aura un autre ! Sinon, c’est souvent agréable de rouler avec d’autres pilotes, surtout lorsque l’on tombe sur quelqu’un qui ne se prend pas la tête et qui parle d’autre chose que du bike. Y a même des débutants qui nous font halluciner ici quand on voit la vitesse de leurs progrès, mais bon, on a pas tous la même optique, pour des raisons diverses, et chacun reste libre de ses choix. Peut-être que certains veulent se jauger, s’estimer sur des passages faits ou pas, ou se comparent à partir d’obstacles franchis facilement ou pas, ou même préfèrent cacher leurs techniques spécifiques. Alors que pour moi, ça n’a pas forcément un grand rapport avec la compétition puisqu’en compétition on arrive chacun au top du moment, que l’on assume le niveau que l’on a au temps T, et que l’on s’explique dans les mêmes conditions. Mais bon, les rencontres, ça semble créer des tensions pour certains. Alors avec ceux-là, on se croise, et tout va bien…
Vince : Rien a ajouter, boss ! (...)
La seconde partie de cette interview sera publiée demain sur Tribal Zine... Restez connectés ! Retranscription : Didier Sdringola pour Tribalzine, Istres, mars 2010. Crédit-photos : K-124 Performance, PhotobySergio.