Matt Gilman est un trialiste américain de 30 ans qui a ému toute la communauté trial il y a deux ans au travers d’une vidéo étonnante, dont l’audience a d’ailleurs dépassé le cadre du web trial (environ 100 000 visionnages). Matt Gilman est un trialiste... aveugle ! On vous rafraîchit la mémoire. La vision de Matt s’arrête à une trentaine de centimètres de son visage. Avant de s’attaquer à un obstacle, il doit le repérer à pied, ou plutôt avec les mains. Il est incapable de repérer visuellement la longueur d’un saut ou d’un transfert, et s’aide de sa roue avant lui, qui permet de sentir les obstacles sur lesquels il évolue. Quand on il fait un transfert ou un saut, il ne peut pas voir l’obstacle arriver. Il espère à chaque fois qu’il a dosé le geste comme il faut. En fait il est devenu aveugle il y a quelques années et n’a pu ensuite rouler pendant un long moment. Quand il a décidé de se remettre au trial, il a dû tout réapprendre ; il était par exemple incapable de se mettre sur la roue arrière et de donner un coup de pédale. Non seulement il a dû tout réapprendre, mais en plus il a dû apprendre d’une manière complètement différente de son premier apprentissage.
Matt est aujourd’hui sponsorisé par Trialtech, mais aussi Chris King, Continental, Endura et Adventure for the Cure ! Il a depuis réalisé deux autres vidéos, où l’on a pu constater qu’il a encore progressé et gagné en assurance (cf. nos articles Le trialiste aveugle (2) & Le trialiste aveugle (3)).
Voici une nouvelle vidéo de qualité professionnelle, réalisée par deux étudiants de l’Université de Towson (Baltimore), Louis Vieira et Zach Frederick, qui revient sur cette histoire exemplaire. Elle donne la parole à Matt, qui exprime sa passion pour le trial et le vélo en général, et où on découvre qu’il y consacre d’ailleurs toute sa vie. Il travaille en effet au Joe’s Bike Shop de Washington. On vous laisse visionner cela et on souhaite une bonne continuation à ce garçon extraordinaire, qui fait ses vidéos pour prouver que l’on peut surmonter le handicap, et de manière plus large que chacun peut trouver en lui la motivation de faire ce qui lui plaît, en puisant dans ses propres ressources ! Et il le prouve avec une incroyable détermination, qui force le respect. Vous pouvez suivre toute l’actualité de Matt sur son site www.blindbiketrials.com ! On signale au passage que le site Tribal Zine est adapté aux mal-voyants : il suffit en effet de cliquer sur le « A+ » orange situé au-dessus de la cover pour pouvoir grossir la police du site.
Streaming :
L’histoire de Matt :
Revoici son histoire, telle qu’il nous la racontait en octobre 2008... Une belle leçon de vie et de courage !
Je suis un trialiste aveugle. J’ai pratiqué le trial pendant 6 ans. Au printemps 2004, j’ai remarqué que j’avais des problèmes de vision, donc je suis allé chez le médecin. On m’a dit que j’avais des complications liées au diabète et que j’aurais besoin de chirurgie. Oh oui, j’ai oublié de mentionner que j’étais un diabétique. Donc voilà au final, j’ai subit environ 22 opérations chirurgicales de l’œil dans le cours des 4 dernières années.
La rétine de mes deux yeux a été détachée. La rétine de mon œil gauche a été réparée, mais elle ne me donnait aucun retour de vision dans cet oeil. Dans mon œil droit, j’ai eu un petit détachement de la rétine, mais par chance il a été réparé et j’ai récupéré environ 70% de vision dans cet oeil.
Le médecin a décidé de mettre de l’huile de silicone dans mon œil droit pour empêcher les vaisseaux sanguins de se multiplier là où ils ne le devraient pas. Avoir de l’huile dans les yeux c’est comme regarder à travers une bouteille d’huile d’olive. J’ai un voile laiteux/nuageux sur ma cornée, qui est un blocage pour la vision. Comme si cela ne suffisait pas, j’ai aussi des fibres qui sont de plus en plus nombreuses sur la lentille de mes yeux, et donc également sur celle du droit. Tout cela m’obstrue la vision.
Le médecin dit que nous pourrions tenter une autre intervention chirurgicale pour nettoyer les fibres et à réparer la cornée. Il n’est pas sûr qu’il pourra bien enlever l’huile. Si cela marche, j’aurais alors assez de retour de vision pour me débrouiller seul sans aucune aide.
Donc, ma vision est tellement mauvaise que je ne peux pas être autonome et me déplacer seul. Je ne peux pas voir les obstacles qui n’ont pas assez de contraste. Lorsque je roule sur des rochers, je n’en distingue pas vraiment les formes, qui se mélangent avec l’environnement. Parfois, quand je roule sur les rochers, je trouve ça plus facile de rouler avec mes yeux fermés pour ne pas laisser mon esprit croire qu’il voit quelque chose qui n’est pas là.
Je bénéficie du soutien de mes amis. Ils m’aident à sortir pour aller rouler, et ils me pousser à progresser.
Voilà mon histoire. Si vous avez des questions n’hésitez pas à me contacter !
Matt.
Quelques images...
Voici de superbes clichés réalisés à Towson par Nicolas D.mac.