Vous aviez peut-être déjà vu une de ses nombreuses vidéos sur le web, où on le voit rider dans les rues de Vancouver au Canada. Où peut être l’avez-vous croisé sur une Coupe du Monde, où il donnait tout pour sortir un max de zones à zéro, avec un pilotage précis et efficace ? Jeff Anderson est l’un des meilleurs riders du Canada, mais il a aussi prouvé cette saison sur le circuit UCI qu’il était l’un des meilleurs du monde ! Il a passé l’été en Europe pour participer à la Coupe du Monde et aux Championnats du Monde et a terminé au 16ème rang de la Coupe du Monde et au 17ème rang des Championnats du Monde ! Un bel exploit pour ce pilote de 27 ans venu de l’autre bout du monde pour vivre sa passion et se confronter au plus haut niveau de la discipline ! Cela méritait bien d’être mis en avant sur Tribal Zine, et l’on vous a proposé une belle vidéo de ce talentueux pilote s’entraînant sur ses spots de prédilection : Training avec le Canadien Jeff Anderson !
Voici à présent une interview pour faire plus amplement connaissance avec lui. Jeff ride un vélo à la ligne particulière, développé et fait main au Canada par une marque très réputée dans le milieu BMX : Yess. Nous lui avons demandé plus d’infos sur ce bike que nous avons découvert avec lui. Il nous raconte son parcours, son trip inoubliable en Europe, évoque sa saison UCI et ce qu’il retient de cette expérience. Une expérience qui ne restera pas sans lendemain, car Jeff a bien l’intention de revenir sur les zones UCI en 2015 pour améliorer ses performances, malgré toutes les difficultés que cela représente pour un rider qui vit à des milliers de kilomètres d’un circuit international de fait européen ! Merci Jeff & Dona Anderson pour cette belle interview, et les belles photos qui illustrent cette interview. Retrouvez plus d’images et d’infos sur la saison de Jeff sur le blog Trials Stars et la page facebook Trials Stars.
Tribal Interview
Ok Jeff, avant tout, est ce que tu peux nous en dire un peux plus sur toi ? Tu habites ou ? Tu as quel age ? Depuis quand tu fais du trial ? Pourquoi est-ce que tu as commencé le trial ? Qu’est que tu aimes faire d’autre en dehors du trial ? C’est quoi ton taff ?
J’habite à Vancouver et j’ai 27 ans. J’ai commencé le trial à 11ans donc ça fait 16 ans que je roule maintenant. J’ai commencé le VTT quand j’étais à l’école, en 6ème, Ryan Leech était venu faire une démonstration pour le club de mon école, il a fait des sauts en hauteur au dessus d’une barre, et on a vu le film ’Evolve’. J’ai accroché tout de suite, et depuis j’ai jamais lâché. J’ai acheté le film, et je l’ai regardé avec mes potes des centaines de fois. A l’époque je connaissait absolument rien au trial mais il y avait un terrain de moto trial à côté de chez moi, celui du CPTA, et il y avait des compétitions de VTT Trial des fois. Je roulais beaucoup quand j’étais tout jeune, moi et mes potes on était assez nombreux à rouler, et on s’en foutait un peu de la compétition, on roulait juste pour le fun. Je savais même pas qu’il y avait un championnat UCI ou BIU, jusqu’au jour ou deux ou trois de mes potes sont allés au Championnats du monde BIU au Japon. Quelques années plus tard, j’étais à l’université et je me suis fait un peu d’argent en bossant l’été. Du coup j’ai décidé de me rendre au championnats du monde UCI en Italie en 2008. J’ai pas fait un bon résultat, et c’est à ce moment là que j’ai commencé à m’entraîner sérieusement, mais j’avais toujours un truc qui m’empêchait de m’entrainer à plein temps : le boulot , les cours... Quand j’ai terminé mes études, j’ai trouvé un travail d’ingénieur, chez Broadcom. J’ai travaillé, deux ans chez eux. Et puis après, ça me démangeait de nouveau d’aller faire des compétitions. J’en avait pas fait depuis 2010, quand les championnats du monde étaient au Canada. Et puis c’est à ce moment là que j’ai demandé a la femme de ma vie, Dona, de m’épouser. On disait souvent qu’on aimerait bien passer quelques mois en Espagne, et voyager en Europe aussi et en profiter pour faire la coupe du monde. J’en ai parlé à ma boîte, et eux ils voulaient que je reste..Du coup il m’ont dit que je pouvais aller bosser dans le bureau de Cambridge au Royaume-Uni et que je pourrais prendre des congés pour voyager et faire les compétitions. Tout est un peu arrivé en même temps, on s’est marié en avril 2014, on est parti pour Cambridge en mai. J’ai travaillé là bas et Cambridge était un peu notre base arrière pour visiter les alentours.. Mais plus tard , ils ont décidé de vendre ou de fermer le bureau ou je travaillais. Ils n’ont pas trouvé de repreneur, du coup ils ont fermé le site, et j’ai été licencié tout comme 3000 autres employés dans le monde... Une porte s’est fermée, mais une autre s’est ouverte : on avait plus de temps pour voyager et pour rouler !
Avant qu’on parle de tes compétitions : comment c’était l’Europe ? Tu as apprécié ton séjour ?
Carrément, je me souviendrais toute ma vie de ce trip. J’ai pu participer à de superbes compéts, mais c’était aussi le moyen pour moi de prolonger ma lune de miel. On a acheté une voiture à Cambridge, et on a voyagé à travers le Royaume-Uni, la France, jusqu’à Barcelone et puis après l’avion jusqu’en Norvège, puis de nouveau la voiture depuis Barcelone jusqu’en Suisse puis l’Allemagne et la Belgique. Pour un Canadien, l’Europe c’est LA destination pour voyager. Les paysages sont tellement beau et tu peux ressentir l’histoire, partout ou tu vas. Au Canada , tout ce qu’on a c’est la nature à l’état brut. C’est chouette aussi, mais une fois que tu t’y habitues, ça n’a rien d’extraordinaire.



Parlons compétition maintenant. Comme je l’ai dit, tu as terminé 17ème de la coupe du monde, et 16ème des championnats du monde. C’est plutôt un bon résultat surtout quand tu as tous les Français, les Espagnols et les Allemands devant toi. Qu’est ce que tu penses de ton résultat ? T’es plutôt content ?
Je pense que mes résultats étaient prévisibles. Après, je ne pense pas qu’on puisse etre satisfait si on fini pas premier, et encore... Quand je dit prévisible, je veux dire que le trial, c’est une question de technique. Soit tu sais faire un mouvement, soit tu ne sais pas. Soit t’as l’endurance, soit tu l’as pas. Pareil pour le physique. Quand je repense à mon résultat, je ne pense pas à tous ceux qui étaient devant moi, je pense plutôt au passage que je n’ai pas su sortir. Comme dans cette zone ou j’ai posé un pied ou le tronc ou je me suis pris un cinq, ou le franchissement de marche que je n’ai pas passé.
Comment étaient les zones sur la coupe du monde et les championnats du monde ? Trop dur ? Trop dangereux ? Trop facile ?
Je me suis bien amusé sur ces zones. A Vancouver, depuis peu, j’organise les compétions locales, du coup je trace la plupart des zones. C’est bien plus marrant de rider sur les zones que je n’ai pas tracé. Au début de la saison, j’ai trouvé le niveau vraiment élevé, mais je me suis habitué au fur et à mesure. J’ai trouvé les zones dangereuses seulement quand il pleuvait. Le trial c’est un sport ’mentalement dangereux’, si tu ne pose pas tes roues au bon endroit, tu peux te faire mal. Je dirais pas non plus que ce sport est beaucoup plus dangereux que d’autres sports, du moment que t’es pas inconscient de tes limites.



Comment tu t’est préparé pour la saison 2014 ? Tu avais un entrainement spécifique ? Un régime spécifique ? Ou tu roulais juste pour t’amuser ?
J’ai pas eu trop de temps pour me préparer pour cette saison. En jouant au hockey pendant l’hiver, je me suis déboité l’épaule. Du coup j’ai pas trop roulé avant mon départ pour l’Europe. En Europe , j’essayais de rouler tous les jours, et d’aller à la gym 3 fois par semaine et aussi de faire des flexions/extensions. Ça c’était quand je travaillais encore, donc j’avais peu de temps libre pour faire tout ça. Pour ce qui est du régime, je mange juste bien, et beaucoup. Et de la vraie nourriture. Les compléments alimentaires, les protéines, les trucs allégés c’est pas trop mon truc... Je roule toujours pour le fun. Et j’aime bien la partie entraînement du riding : s’arracher et progresser, c’est tout ce que j’aime.
Est-ce que tu vas revenir en Europe pour la saison 2015 ? Et quels sont tes objectifs pour cette nouvelle saison ?
Je pense revenir si tout se passe bien. Et mon objectif c’est d’améliorer mon résultat. Et sortir plus de zones à zéro.
Est-ce que ton club ou la Fédération Canadienne de Cyclisme te file un coup de pouce ’financier’ pour aller en Europe ?
Actuellement, les aides sont limités, le trial c’est encore un petit sport au Canada. Les objectifs de la Fédération Canadienne de Cyclisme reflètent les intérêts des citoyens Canadiens.
La scène trial Canadienne est vraiment forte. Le Canada a montré qu’elle avait dans ses rangs des pilotes d’envergure internationale... Il y a eu ainsi James Barton, John Webster, et maintenant toi. On ne voit plus trop de pilotes Canadiens sur les zones à part toi... Est-ce que tu penses que James et John on arrêté de participer au coupes du monde parce que ça coûte trop cher ?
Pour un pilote non-Européen, participer à une course internationale c’est toujours très coûteux. Pour un pilote nord américain qui participe a toutes les compétitions UCI, ça va chercher dans les 15000 dollars. Et ça , c’est sans compter les coûts de l’entrainement, et le coût du temps que tu passes à rouler au lieu de travailler. Je peux pas dire que John et James ont arrêté de participer uniquement à cause de ça. Mais en tout cas ça a dû peser dans la décision... Le trial c’est aussi un sport où il y a peu de reconnaissance. Il n’y a rien qui t’incite à t’arracher pour être le meilleur, exception faite de ta propre volonté, ton envie.
Est-ce que tu penses que c’est possible d’organiser une coupe du monde ici en Amérique du Nord ?
Si les bonnes personnes s’associent, c’est carrément possible. Mais après comment ça se passe pour les pilotes Européens ? Les trois dernières questions se rejoignent un peu finalement. Ça reflète l’état actuel de la compétition dans le trial. Je pense que c’est un peu l’histoire de l’œuf et la poule... Le trial a besoin de plus d’argent pour qu’ils devienne plus visible aux yeux des médias et pour ensuite attirer plus de public. Mais l’argent ne viendra pas si on attire pas plus de public ou si on suscite pas d’intérêt pour les médias. Je pense que nous, les pilotes et les organisateurs, devrions trouver un moyen efficace et pas cher pour gagner en visibilité et pour montrer aux gens que ce sport a sa place sur les écrans... Après ça, il y aura plus de prize money et plus de sponsors pour les pilotes, plus d’argent pour les organisateurs... Il y aura plus d’argent pour tous dans le trial , pour tous ceux qui veulent investir de leur temps dans ce sport pour le rendre encore plus beau...
Bon maintenant, parlons un peu de ton vélo. D’un point de vue perso, je trouve ça sympa de voir quelque chose de différent, car depuis quelques temps on voit beaucoup de copies sortir, et c’est pas très intéressant. Quand tu était en Europe, tu roulais sur un cadre jaune, et maintenant, de retour au Canada tu roules sur un cadre couleur argent... Est-ce que ce nouveau cadre a été amélioré ? Est-ce que tu peux nous en dire plus au sujet de Yess Bikes Ltd ?
C’est le même cadre. Je voulais me monter deux vélos. Un pour l’entraînement, et l’autre pour les compétitions et les démos. Le jaune, c’est la couleur du team Yess Bike. Du coup je suis en train de me monter un nouveau bike avec la couleur ’Team Yellow’ pour la saison prochaine. Comme tu l’as dit, Yess Bikes produit des cadres de grande qualité depuis des années maintenant. Jusque là, ils se concentraient beaucoup sur leur gamme de BMX race. Ils aimeraient s’installer sur le marché du trial, et je travaille avec eux pour aller dans ce sens.
Et ce tube inférieur !? C’était un avantage quand tu était sur les zones ?
Complètement. J’ai jamais été inquiété par le fait de toucher un obstacle avec le tube inférieur. C’était un sacré atout sur certaines zones de rochers très techniques.


Est-ce qu’il y a une version 20 pouces ? Avec des pattes double disque ? Double HS33 ?
Pour l’instant, Yess ne produit qu’une version 26’’. On essaye d’abord de susciter plus d’intérêt pour ce cadre et ensuite on développera d’autres versions à l’avenir. Tout est fait ici au Canada donc du coup, Yess n’a pas besoin d’attendre auprès des usines chinoise ou taiwanaise pour que le cadre soit fait...
Le cadre ’Team Yellow’ est dispo sur TartyBikes et Webcyclery. Est-ce qu’il sera dispo sur d’autres sites prochainement ? Et le cadre argenté ?
Yess est toujours la recherche de partenaires pour distribuer ses produits Les revendeurs peuvent s’adresser à moi s’il ils sont intéressés par le cadre : Jeff@TrialsStars.com. Le cadre argenté est dispo sur WebCyclery.
Ce cadre est entièrement fabriqué au Canada. Ça peut paraître assez étrange comme question, mais est-ce que ça fait une différence de rouler sur ce bike par rapport à un autre fabriqué ailleurs ?
Question étrange effectivement... Disons que tu sens que c’est solide et rigide. Je me préoccupe pas de savoir s’il va péter en deux...
A part Yess Bikes, tu as d’autres partenaires qui te soutiennent ?
Actuellement, Yess est mon unique sponsor, mais je suis toujours ouvert pour d’autres partenariats.
Et à part rouler, tu as d’autres projets pour 2015 ?
Mes projets c’est de me concentrer uniquement sur le ride pour 2015. J’ai d’autres projets pour mon taff, qui sont aussi liés au trial mais ça... suite au prochain épisode !
Merci Jeff pour cette interview, on te félicite à nouveau pour tes résultats et pour ton mariage. Meilleurs vœux, bonne chance pour 2015 et on te souhaite plein de réussite dans tes projets.