La saison 2012 pointe le bout de son nez et l’excitation monte chez les élites. Les athlètes sont dans la dernière ligne droite de la préparation hivernale, ils sont prêts à en découdre, et ils commencent à se mettre sérieusement en condition sur de gros rochers, en n’hésitant pas à faire parfois des milliers de kilomètres pour optimiser et varier ses conditions d’entraînement.

Le pilote Koxx Hannes Hermann, multiple Champion d’Allemagne, était ainsi en début de ce mois sur l’île de Majorque pour un training intense aux côtés du multiple Champion du Monde Kenny Belaey (Kenny et Hannes à Majorque). A son retour, il nous a accordé cette interview. Tribal Zine est revenu avec lui sur une saison 2011 remarquable qui lui a permis de se maintenir dans le top five UCI et il a évoqué la suite avec nous. Nous vous invitons à faire un peu plus ample connaissance avec ce garçon toujours souriant et disponible. Un vrai pro, mais qui parvient à concilier le sport de haut niveau avec de hautes études ! Avec succès...

Tribal Interview

L’année dernière, tu as décroché un nouveau titre de champion d’Allemagne ; tu es resté dans le top 5 UCI, classée au 6ème rang du Championnat d’Europe, 6ème de la Coupe du Monde. Tu t’es qualifié à la finale du Championnat du Monde, et tu as terminé 7ème. Bref, tu as fait une saison remarquable, l’une de tes meilleurs, n’est-ce pas ? Qu’en retiens-tu, quelle leçon en tires-tu ?

La saison dernière a été une étape parmi tant d’autres. Je suis heureux d’avoir pu être en mesure de m’en sortir ainsi avec toutes ces compétitions et j’ai de la chance d’avoir pu faire un grand pas en avant comme çà. Néanmoins, j’ai été confronté durant la seconde moitié de la saison à des problèmes de genou. C’était la première fois que je me voyais ainsi avec une douleur chronique. C’est pour cela que les principal enseignement que je tire de cette saison pour 2012 est : prends soin de ton corps et entraîne-toi comme ça.

Quels sont tes meilleurs souvenirs de cette saison 2011 ? Quelles sont les courses que tu as préféré ?

Ma course préférée, c’était Anvers. J’avais un super feeling sur mon vélo, j’étais prêt et j’étais fort. En ½ Finale, je n’ai fait qu’un seul point et je me réjouissais d’être en finale. Dans la finale j’ai eu quelques accidents à cause des beaux kickers dans les zones et je termine finalement 6ème. Mais cela a été une expérience géniale.

En 2012, tu as signé avec Koxx, la marque Championne du monde, ce qui doit être une grande satisfaction pour toi et une motivation toute nouvelle, n’est-ce pas ?

Je pense que j’étais le dernier homme à rester sur Atomz, parce que j’essaie de rester avec mes sponsors, même quand ils traversent des moments difficiles, parce que je m’attends à ce qu’il fasse de même en retour. Lorsque Christian Gugliotta m’a dit qu’il devait arrêter Atomz, j’ai compris que le temps d’un grand changement était arrivé pour moi. J’étais en contact avec de nombreuses marques, et j’ai pris la décicion de signer avec Koxx. Bien sûr, le Sky 2 et la fourche carbone ont penché dans la balance pour ma décision.

Le Sky 2 est sans doute la référence du vélo trial de compétition et a fait évolué les géométries pour les adapter aux contraintes du trial UCI d’aujourd’hui. Tes impressions sur ce vélo ? Cela doit changer de ton Atomz qui commençait à se faire un peu vieux et moins adapté au format des zones actuelles ?

Ma première impression sur le Sky 2 a été incroyable, bien sûr ! La prise en main du Sky est directe et il est vraiment agile. Avec le boitier haut, je me sens super bien sur ma roue arrière et les coups de pédales sont beaucoup plus rapides. Je me suis monté un vélo d’entraînement, sans tuning ou truc comme ça. A la fin mon vélo pesait environ 8,7 kg, c’est vraiment bien et je ne m’attendais pas à cela. Donc, je suis vraiment impatient de voir combien pèsera le vélo de compétition.

Quels sont tes objectifs pour 2012 ?

Mon premier objectif est de traverser la saison sans me blesser. Et pour cela, j’ai fait de gros changements dans ma préparation et j’espère que cela va me permettre de franchir une nouvelle étape dans ma progression. Pour cette saison, je tiens à être un concurrent sérieux pour le meilleur ! Dans ce cadre, je veux participer à autant de Super Finales que je le peux. Et quand je vois comment j’ai progressé de manière constante jusque-là, cela me rend confiant pour l’avenir.

Que penses-tu du nouveau format de la Coupe du Monde, avec ces Super Finales ? Est-ce que ça change quelque chose dans la façon dont tu t’ entraînes ? Tu te concentres davantage sur les gros mouvements et l’endurance ?

Oui pour les riders, la Super Finale signifie plus de pression et d’endurance. A cause de cela, j’ai modifié la longueur de mes séances d’entraînement. La Super Finale, à mon avis, est une bonne chose pour rendre le trial plus attractif pour les spectateurs. Je pense que ce nouveau format va être quelque chose de positif pour notre discipline. La seule chose que je ne peux pas comprendre, c’est qu’il y a maintenant 15 coureurs qui sortent de la qualification et rejoignent désormais la demi-finale et nous avons le même temps de course ! Nous aurons plus d’informations eu moment opportun, et la première Coupe du Monde appartient maintenant au passé.

A Anvers tu m’avais parlé d’un projet vidéo avec le génial Marcus Gelhard, des news à ce sujet ?

Ce projet vidéo est de plus en plus difficile à concrétiser, parce que GPoint Production est très demandé et a beaucoup de succès. Nous espérons pouvoir concrétiser ce projet à l’avenir. Je te tiens informé de la suite.

Prêt pour les 124 K-Days 2012 ? Tu vas à nouveau t’aligner en Super Élite ? Tu viens sur les deux rounds ?

Pour sûr que je serai présent sur les K124 Days et pour sûr que je vais rouler en Super Élite. Je suis vraiment impatient d’attaquer le premier round et j’espère être en mesure de prendre le départ du second. Mais cela dépend de la façon dont va se dérouler cette saison, si elle n’est pas trop dure pour mon organisme.

Toutes les grosses pointures du Top 10 sont maintenant des professionnels à 100%. Toi, l’an dernier, tu étais encore très investi dans tes études. Où en es-tu avec tes études ? Tu es étudiant en quoi ? Comment vois tu ton avenir ?

Directement après le Mondial de 2011 j’ai commencé à étudier à l’Université. Mon cursus universitaire, c’est le Génie des Affaires et cela aussi c’est un autre grand défi dans ma vie. Mon université est bien connu pour le fait qu’elle permette de concilier sport de haut niveau et hautes études. Pour cela, je bénéficie d’un traitement spécial et c’est pourquoi il m’est possible pour moi de m’entraîner comme un professionnel et de participer à chaque compétition importante de la saison. Je vois mon avenir dans cette conciliation. J’ai choisi cette voie parce que la carrière de trialiste professionnel n’est pas une entreprise sur le long terme et il suffit d’un seul accident pour que tu sois hors-jeu.

Parlons un peu de ton training ? Comment tu t’organises ? Tu as un coach ? Tu suis un régime strict ?

Mon coach est Marco Hösel lui-même. Nous travaillons ensemble depuis le début de l’année 2007. J’ai un planning d’entraînement strictement défini par Marco. Et en plus, j’ai un un thérapeute du sport à mon université et aussi un physiothérapeute dans ma ville natale. Bien sûr je fais très attention à avoir une alimentation saine, mais un régime strict n’est pas la bonne façon de faire pour moi.

Quels sont les hobbies d’Herminator en dehors du trial ?

Pour être honnête je n’ai pas tellement de temps à consacrer à d’autre grands hobbies. Mais je ride depuis 8 ans en snowboard ans et j’y prends vraiment beaucoup de plaisir et cela compense.

Quand il y a du son dans tes oreilles, c’est quoi ?

Pink Floyd est l’un de mes groupes favoris surtout quand je suis au volant pour de longs trajets !

Excellent ! Tu fais partie de quel club ?

Je fais partie du MSC Thalheim, qui est le club de Mark Hösel et Marco Thomä.

En ce moment, c’est un peu le printemps du vélo trial allemand avec des jeunes qui roulent très fort et semblent très prometteurs, comme Raphaël Pils, Robin Fix, Rico Baak, David Hoffmann ... Est-ce que tu penses qu’il y a riders allemands qui sont promis à un grand avenir comme celui que tu vis sur la scène internationale ?

Je l’espère parce que nous devons pousser la scène trial aussi loin que nous le pouvons en Allemagne. J’aimerai que le trial soit enfin considéré en Allemagne comme un sport de haut niveau. Si nous voulons réaliser cela, nous avons besoin du plus grand nombre possible d’athlètes de haut niveau.

Comment est organisée la circuit trial en Allemagne ? On sait qu’il y a un championnat de 20 pouces et un de 26 pouces, mais y’a-t-il une Coupe d’Allemagne ? Quels sont les plus grands circuits régionaux, et ceux qui façonnent le plus de jeunes talents ?

Dans la scène trial allemande, tu as les championnats est, sud et nord-allemands. Et tu as en plus des coupes de province. Les plus grands meetings sont ceux des Championnats d’Allemagne en 26" et 20". La plupart du temps ils se déroulent à des dates différentes.

Combien de titres de Champion d’Allemagne as-tu ?

À ce jour, j’ai 4 titres de Champion d’Allemagne et j’espère bien en avoir un peu plus.

Chaque année, la crème de la crème de vélo trial allemand se réunit à Cologne pour la désormais traditionnelle Winterjam, et a pu avoir quelques magnifiques images de l’évènement grâce à Daniel Gorez et Sebastian Klipper... Cela avait l’air d’être énorme cette année. Une bonne séance d’entraînement artificiel, n’est-ce pas ?

Le Winterjam était au début un petit événement. Depuis environ cinq ans, il grossit chaque fois un peu plus. Cette année, nous avons eu environ 130 membres. Comme il est bien perçu, l’organisateur veut donner plus d’ampleur à cet événement, mais toujours lui garder un caractère "familial". Pour moi, c’est toujours un bon moment qui permet de nouer des contacts avec des riders de toute l’Allemagne. Tous les riders s’entraînent ensemble, sans compétition, juste pour le fun.

Tu reviens d’une grosse session d’entraînement à Majorque avec Kenny Belaey sur de magnifiques zones naturelles, le terrain d’entraînement d’un certain Carles Diaz... Tu peux nous en parler un peu ?

Oui, je suis de retour de Majorque et c’était un excellent entraînement avec les gars. Comme toujours à cette époque, les températures en Allemagne sont trop froides pour une bonne préparation. Cette année, j’ai décidé avec quelques amis (Marko Berthold, Sebastian Klipper, Stefan Eberharter, Stephan Weinold) de poursuivre ma préparation à Majorque. Quand j’ai réservé le voyage, j’étais en contact avec Kenny. Il a décidé spontanément de se joindre à ce camp d’entraînement. Je regrette que Carles Diaz n’ait pas pu se joindre à notre session d’entraînement sur ses spots-maison, mais un grand merci à lui pour la merveilleuse description qu’il nous en a fait.

On t’as vu tester un Sky 20" à Majorque, et tu n’avais pas l’air si dépaysé que cela. Bon feeling ? Herminator en 20" sur les Worlds ?

Oui, j’ai un pratiqué un peu de 20" à Majorque, mais c’était juste pour le fun ;-) Peut-être que c’est une bonne option pour l’avenir, mais pour cette année, je me concentre juste sur le 26 " !

Qu’est-ce que tu penses de l’explosion de la scène street trial au cours des dernières années avec le 24" ? Es-tu toi-aussi un fan de MacAskill ?

J’espère que cette explosion aide à pousser l’ensemble du sport-trial dans le monde. Pour sûr que j’aime ses vidéos et son type de style de riding.

A ton avis, qu’est ce qu’il manque au trial de compétition pour qu’il ait une plus grande reconnaissance médiatique ?

À mon avis, le trial de compétition doit être plus clair et plus compréhensible pour le public. Je pense notamment qu’il faut enlever la rubalise dans les zones, comme en moto trial. Pour sûr, je sais que ce n’est pas toujours possible et que l’on a besoin de plus de préparation. Nous devons aussi apporter le sport aux spectateurs. Si nous faisons attention à toutes ces choses, je suis sûr que le trial est promis à un grand avenir.

Tu as dû voir sur Tribal Zine que Jean Flambard / Event Perf’ lance cette saison un nouveau circuit professionnel élite, le Trial Pro Series, qui permettra aux meilleurs riders du monde de montrer toute l’étendue de leur talent et de concourir pour un nouveau titre UCI et un prize money de 6000 € ... Qu’en penses-tu ? Voilà une belle initiative pour promouvoir le trial de compétition élite, n’est-ce-pas ? Tu seras de la partie ?

Je ne peux pas vraiment dire grand chose sur l’événement pour le moment, mais bien sûr ça a l’air vraiment bien. Je viens de voir la bande-annonce et j’aime vraiment l’idée d’avoir une autre grosse série de ce genre. C’est à la fois une bonne opportunité pour les riders et un autre pas en avant pour montrer un peu plus le trial. Pour le moment, mon calendrier est déjà bien rempli et je pense que cette information vient un peu tard pour tous les pilotes élite. Mais pour sûr que je vais discuter avec mon entraîneur pour voir si nous pouvons y prendre part.

Tu as vu la dernière vidéo du Champion d’Australie Andrew Dickey ? Un truc vraiment hardcore...

Je viens de la regarder pour toi ! Ce mec a des couilles... haha​​. J’aime le montage et la musique. Superbe vidéo. Félicitation !

TribalZine s’est imposé comme le webzine de référence dans la discipline, du moins en France... Tu te connectes souvent ?

Naturellement, je me tiens au courant des dernières news du trial et je suis heureux d’avoir des sites français comme ça. J’espère qu’à l’avenir il y aura aussi des sites comme ça en Allemagne.

Merci beaucoup pour cette interview Hannes, toujours un plaisir de discuter avec le Big Boss du trial allemand ! A bientôt !

Merci Jebe’, on se voit aux K-124 Days !

Crédit-photos : Sebastian Klipper, Daniel Gorez, Nils Hofmann, Worldcuptrial.

Herminator à Majorque

D’autres photos du Champion d’Allemagne et N°5 mondial à l’entraînement sur les rochers de l’île de Majorque, par Sebastian Klipper.