On commence l’année par un essai qui nous replonge dans le passé : celui d’un vélo de compétition des années 1990 : le Peugeot 5000 Trial, année 1997 ! Que de différences par rapport aux engins avec lesquels nous zonons aujourd’hui, 20 ans plus tard ! Mais ces vélos courts avec selle et vitesses, privilégiant la stabilité sur l’obstacle et la maniabilité ne sont pas si éloignés que cela des standards actuels du street.
Pour cet essai « vintage », nous sommes allés tracer de la zone de « puristes » à base d’enroulés et d’inversions techniques sur le magnifique littoral breton. A l’action : Martial, le propriétaire de ce vélo, et Philippe notre testeur « vintage », tous deux compétiteurs dans les années 90. Ils nous présentent ce bike et partagent avec nous leurs sensations. Retour aux origines du vtt-trial...
Présentation
Bruno Fernandez, artisan du développement du VTT Trial en France (un des pionniers de la discipline, qui fut pendant quelques années le manager de l’Équipe de France) a également contribué à l’émergence de modèles adaptés au trial chez différents constructeurs de cycles. Son passage chez Peugeot a permis la réalisation d’une petite série d’un modèle trial, dénommé 5000 T.
Pendant cette période, pour être admis à concourir aux épreuves officielles, les VTT Trial devaient posséder une selle, 2 plateaux, 6 vitesses minimum. Ce VTT répond à ces critères, et conserve une géométrie de VTT « classique », avec cependant un cadre plus compact. Le cadre, au couleurs du team Peugeot, d’empattement 1025 mm, parait bien court par rapport aux modèles de compétition actuels à 1090mm ! Mais cette géométrie compacte n’est finalement pas si éloignée des standards actuels du street 24/26 avec leurs empattements entre 1000 et 1045mm...
Les jantes Mavic, courantes à cette période, sont encore de type étroit. Elles sont chaussées de pneus Hutchinson. Le freinage hydraulique Magura HS 33 apporte un réel progrès par rapport aux freins à câble type V-Brake. Pour s’adapter sur des tasseaux classiques de VTT avec une seule fixation, un ingénieux système de blocage à levier permet un montage très aisé.



Le guidon semi relevé de largeur 650 mm est large pour l’époque mais plus étroit que les modèles actuels. Il est équipé de 2 poignées tournantes SRAM pour changer de vitesses dans les interzones.
Le plateau de 32 dents est muni d’une protection TA qui est montée en lieu et place du 3ème plateau. Bien entendu, seul le plateau de 20 dents est utilisé en zone. A l’arrière, la roue libre Shimano Silent Clutch (la grande référence en ce temps) accueille les 8 vitesses. Seules 2 ou 3 vitesses sont utilisées en zone selon les obstacles. Le changement se fait grâce à un dérailleur arrière à chape courte, incontournable pour limiter les risques de s’accrocher en zone.



Fiche technique
Cadre | alu (entraxe 1025 mm, base AR 405 mm) |
Fourche | alu rigide (option fourche carbone DF Racing double té possible, en photo plus bas !) |
Potence | courte et relevée Tranz X |
Roulement de direction | FSA |
Guidon | alu trial semi-relevé 650 mm |
Leviers de frein | Magura Race Line |
Freins | Magura HS 33 |
Poignées tournantes | SRAM |
Dérailleur avant | Shimano Deore XT |
Dérailleur arrière | Shimano 105 petite chape |
Double plateau | Sachs 20-32, avec protection extérieure Spécialités TA |
Cassette | 8 vitesses |
Pédales | Wellgo |
Moyeux | Shimano (AR silent clutch) |
Jante AV | Mavic Sup 117 Ceramic |
Jante AR | Mavic Sup D 521 |
Pneu AV | Hutchinson Rock X Country 26x1.95 « gomme tendre » |
Pneu AR | Hutchinson Coyote 26x2.10 |
Selle | Flite Titanium Team Line |
Poids | 12,4 kg |



Sur le terrain : confortable !
Nous allons profiter des spots de bord de mer dans les Côtes d’Armor pour nous replonger dans le passé et pousser ce vélo dans ces retranchements. Un magnifique terrain de jeu sur lequel on espère bien voir prochainement revoir venir la Coupe de France de Trial !
Le boîtier de pédalier relativement bas et la géométrie du cadre procurent une remarquable stabilité lors du pilotage de ce VTT. Les portions « enroulées » se négocient aisément, et le cadre alu rigide apporte une précision de conduite. On ressent toutefois le poids (12,4 kg) qui demande plus d’effort !


Le freinage est précis, mais à la fin de la session, il a perdu une partie de son efficacité. Il faut dire que les patins ne sont pas tout jeunes, les jantes n’ont pas le mordant de jantes meulées. On constate également que malgré l’arceau rigidificateur, les haubans s’écartent lors des freinages appuyés.
Dans les portions nécessitant des mouvements latéraux importants du corps, le cadre haut et la selle se rappellent à votre bon souvenir. Ce n’est toutefois pas gênant dans la plupart des situations, d’autant que la selle présente un réel confort dans les interzones !


Côté transmission, plateaux et nombreux pignons n’apportent pas la même réactivité qu’un monovitesse. Toutefois même dans des portions très chaotiques, nous n’avons subi qu’un seul saut de chaîne. Le plateau de 32 dents équipé de sa protection ne gêne pas tant que cela dans les franchissements de marche, mais il est vrai que notre niveau ne nous a pas permis de nous attaquer à des marches de plus d’un mètre ! Forcement, sur les crochetages de grosses marches, ça peut vite devenir gênant ! Mais ce plateau de 32 dents a bien sûr d’autres atouts : pour celui qui roule en naturel, où il faut parfois pédaler entre deux spots, l’interzone se fait à fond les manettes et devient aussi sportive. Les vitesses, elles alourdissent le vélo, mais t’offre la liberté ! C’est un engin idéal pour une petite randonnée trialisante comme en organisait d’ailleurs en son temps Bruno Fernandez dans les bois de Fontainebleau. Le père du vtt-trial français (et donc mondial...) qui finalement fut aussi le précurseur de l’enduro trial...
Bilan : compact et fun, comme un street 26 des années 2010 !
En résumé, même si ce vélo n’a pas toutes les aptitudes d’un VTT trial moderne, il reste performant dans bon nombres de situations rencontrées par un pilote moyen qui ne cherche pas la performance extrême. Il y a largement de quoi se faire plaisir avec ce vélo, que ce soit en naturel ou en artificiel, et puis... quel plaisir de pouvoir s’adonner aux joies du wheeling et s’asseoir en sortant de la zone !
De bonnes sensations que l’on peut retrouver aux guidon de bikes de street de dernière génération, qui ont renoué avec ce format de cadre compact et ludique : un bike comme l’Inspired Hex a une géo très proche de notre engin, avec en prime un tube supérieur plus slopping. Les compétiteurs des années 90 sont devenus les streeters des années 2010... La boucle est bouclée !