Gilles Coustellier continue sur sa lancée. Après avoir conforté sa domination sur la Coupe du Monde il y a trois semaines lors de l’étape française de Saint-François Longchamp, le grand patron du VTT-Trial mondial a conservé ses titres de Champion d’Europe et de Champion de France. On est revenu hier avec lui sur ses derniers exploits, et on a évoqué la prochaine grosse échéance internationale de l’année, la plus importante, celle des Championnats du Monde de Canberra...
Merci à Laurent Grillon, Michel Romen (RideActive.nl) & Thomas Francisco pour les clichés qui illustrent cet entretien, réalisé hier en début d’après-midi.
Interview :
Jébegood : Yo man ! T’as cinq minutes pour qu’on revienne un peu sur tes derniers exploits et qu’on cause de Canberra ?
G.C. : Bien sûr, c’est parti !
Jb : Tu as placé la barre très haute l’an dernier en remportant les titres de Champion de France, Europe et Monde, ainsi que la Coupe du Monde. On se disait que ce n’était pas possible d’aller plus loin. La saison 2009 s’annonce encore plus exceptionnelle. Tu as repris la tête de la Coupe du Monde à Saint-François Longchamp il y a trois semaines en survolant la course sous une pluie battante, puis tu as défendu tes maillots de Champion d’Europe et de Champion de France de la plus belle des manières ces deux dernières semaines !
G.C. : C’est vrai, pour le moment, ma saison 2009 est encore plus énorme que celle de 2008, car sur 7 compéts, j’ai 6 victoires sans compter les qualifs de gagnées. Espérons que ça continue !
Jb : Effectivement c’est fou ! On a de plus en plus de mal a trouvé superlatifs pour narrer tes performances...
G.C. : Oui, à St François Longchamps, j’ai repris la tête du général. Du coup j’ai pas mal d’avance car mon conccurent direct a terminé 4ème lors de cette Coupe du Monde. On va dire que dans la logique la Coupe du Monde est quasiment gagnée mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il va falloir quand même rouler au maximum et essayer de prendre les premières places.
Jb : Revenons tout d’abord sur la course de Zoertemeer... Qu’as-tu pensé des zones taillées par Ronny Belaey, qui ne sont généralement pas trop à ton goût ? Il y avait du gros visiblement et du très technique ? Surtout que la pluie est venue corser le tout ? La course était serrée... Au premier tour il n’y avait qu’une infime différence sur Vincent et Kenny... Tout s’est joué au deuxième tour !
G.C. : Pour une fois j’ai trouvé les zones tracées par le Beleay très bien même si il manquait du pédalage. C’est vrai que tout était très serré au premier tour mais j’ai réussi à creuser un bel écart au second tour en faisant un tour exceptionnel. La concurrence était rude mais j’ai réussi à dominer toute cette concurrence en ne lâchant rien.
Jb : Après le maillot de Champion d’Europe, tu as réussit à conserver le maillot tricolore à Oz-en-Oisans... Les zones tracées par Jean Flambard étaient un peu un mix de celles des Championnats de France 2007 et de la dernière manche de la Coupe du Monde semble-t-il ? Cela t’as plu ? Tu as dominé la course de bout en bout et bien failli réaliser le trial parfait !
G.C. : Alors pour le Championnat de France, les zones étaient tout simplement magnifiques. Jean a l’oeil du trialiste et sait tracer à la perfection. Il a su mettre tous styles de passages. J’ai failli réussir le trial parfait mais j’ai fait une erreur "stupide", j’ai voulu en terminer rapidement alors qu’il fallait tout simplement prendre quelques secondes de plus. Ca me servira de leçon...
Jb : On a l’impression que le trial commence à être de plus en plus reconnu par les médias français, que ce soit VTT ou sportif en général... Exemple la retransmission TV des Championnats de France qui fait une belle place au trial depuis deux ans. Les années précédentes, on avait deux ptites minutes et maintenant c’est un vrai petit reportage vraiment bien foutu. Et puis les médias VTT comme VéloVert recommence à s’intéresser à la discipline ! Le ressens-tu à ton niveau ? Tu vois plus de monde et d’engouement chez les spectateurs par exemple ou pas ? Est-ce que tu es plus sollicité par exemple ?
G.C. : Ca devient top de top, on a eu le droit à quasiment 8 minutes de reportages pendant une heure où la télé est pas mal regardée par les gens. Bien sûr que je le ressent à mon niveau ! Il n’y a qu’a regarder le nombre de spectateurs qu’il y a sur les compets, c’est en pleine augmentation et ça fait vraiment plaisir. Petit a petit, on avance dans le bon sens. Je pense que d’ici peu on le ressentira encore plus.
Jb : Oui c’est vrai que nous, les trialistes, on a toujours un peu tendance à se plaindre, à avoir l’impression de pas être reconnus comme on le mérite, mais quand on regarde le progrès en une décennie c’est impressionnant quand même : le sport s’est professionnalisé, le circuit compétition est très impressionnant, sur le plan national comme international, il y a plein de marques dynamiques, etc...
G.C. : Ben c’est clair c’est un tout, nous aussi les pilotes avons fait pas mal d’effort en devenant de "vrai" sportifs, en devenant professionnels quoi...
Jb : C’est clair, c’est même vous qui portez ce sport et en avez fait ce qu’il est devenu ! big UP !
G.C. : Merci bien c’est normal, c’est notre gagne pain !
Jb : Pour en revenir a la compét : ce week-end c’est la seconde étape de la Coupe de France à Samoëns, un trial 100% urbain tracé aux quatres coins du village... A serre-Chevalier le mois dernier tu as fait un truc énorme sur un tracé très costaud ! Enfin tu fais que des trucs énormes cette saison... Bref... Cette coupe est importante à tes yeux ou tu la prends en simple entraînement ? L’an dernier elle t’avait échappé à cause d’un problème de calendrier ... Est-elle un objectif important pour toi ?
G.C. : Alors je prends cette Coupe de France comme un entraînement, car je me prépare plutôt pour la Coupe du Monde. Je risque d’arriver "boulli" à cette compét’ du fait de ma préparation, je ne roulerai donc pas à mon maximum, mais ce n’est pas grave, c’est pas une compét’ importante. Ce n’est pas un objectif, mon prochain est à Canberra... Je vais tout faire pour garder ce maillot et conserver mes 3 titres.
Jb : Parlons de Canberra justement... Je t’ai fait suivre il y a deux jours les premières photos des futures zones des Championnats du Monde australiens... Quand tu les as vu tu as halluciné et trouvé ça énorme et magnifique. Anthony Burton, Directeur Compétition de Canberra nous as précisé il y a quelques heures que les 8 zones seront constituées d’obstacles naturels, à savoir des rondins de bois et des rochers, ainsi que des obstacles artificiels construits pour l’occasion... Les obstacles artifs sont tellement énormes, on dirait presque du gros naturel ! Comment tu sens tout cela ?
G.C. : Ben c’est clair que vu les photos l’endroit a l’air paradisiaque. Même en ayant peur de l’avion j’ai hâte d’y être pour voir en vrai ce coin ! C’est vrai qu’on dirait du naturel ! Dire comment je le sens est assez difficile, mais dans tous les cas, je donnerai le maximum et on verra le résultat final !
Jb : T’es déjà allé au pays des kangourous ?
G.C. : Non, je ne suis jamais allé si loin, du fait de ma peur de l’avion, mais cette année je n’ai pas le choix, c’est quand même LA compét’ de l’année !
Jb : En plus ça va enchaîner avec la finale de la Coupe du Monde en Nouvelle Zélande... L’avion tu vas être pas mal dedans en cette fin saison lol
G.C. : Ah oui 24 heures d’avion, cela me fait flipper ! Et quand on a peur, c’est les heures les plus longues de sa vie ! La Nouvelle-Zélande, je ne suis pas sûr d’y aller, je ne sais pas si j’en aurais les moyens. D’ailleurs si des sponsors sont intéressés pour m’aider dans cette aventure, je suis prenneur. Ce n’est pas évident car ça coûte très cher, de plus je monte avec Claire qui me suit et le tout est multiplié par deux. Donc a voir !
Jb : Ah ouais merde ! Tu n’es donc pas sûr d’aller en Nouvelle-Zélande ?
G.C. : Ben pour le moment non. Mais je vais tout faire pour y aller !
Jb : En fait, pour tous les déplacements, ce sont les pilotes qui doivent trouver des partenaires eux-même ? Qui c’est qui gère cela pour toi car j’imagine que tu ne dois pas avoir trop le temps ?
G.C. : Cela dépend, mais pour ma part, c’est moi qui paye tout. Mais j’ai Koxx et la Mairie de Martigues qui m’aident. Je n’ai pas le temps de chercher, trop d’entraînements...
Jb : Bon je te laisse ! Merci pour cet entretien et pour ta disponibilité !J’espère vraiment que tu vas trouver un sponsor pour la Nouvelle-Zélande ! Si cette interview peut t’aider on ne sait jamais... Bonne continuation et à bientôt mec !
G.C. : Oui je l’espère ! Merci, ciao !